Consécutivement à la suppression des crédits à la consommation, mesure intervenue en plein boom d'un marché soutenu par une demande inédite et un concours bancaire des plus conséquents, l'on commence d'ores et déjà du côté de certains professionnels à engager une sérieuse réflexion de redéploiement qui n'est pas sans exclure une importante compression des effectifs. En tout cas du côté des concessionnaires automobiles, premiers acteurs à souffrir lourdement de la disparition des concours bancaires aux particuliers, l'option d'un plan social est en phase de devenir un paramètre de survie. La menace est très sérieuse, comme nous l'a certifié M. Bairi, président de l'Association des concessionnaires automobiles. Il expliquera que le concessionnaire n'aura plus le choix et se retrouve contraint de recourir au triste levier de la compression. «Si pour vendre 1000 véhicules on avait besoin de 100 travailleurs, la chute des ventes fera que l'on sera dans l'obligation de raisonner autrement. C'est-à-dire que pour 100 véhicules vendus, on n'aura plus besoin de faire travailler que 10 personnes. Ceci bien sûr à titre de simple exemple», nous fera savoir un concessionnaire. En effet, comme le soulignera M. Bairi, «la décision des autorités en matière d'interdiction de crédits à la consommation reste souveraine. nous aurions souhaité être préparés et informés au préalable afin de prévoir une transition et éviter les cafouillages». Et de lancer : «Nous sommes prêts à accepter les sacrifices pour peu que l'on soit associés». Sauf que pour l'instant, la réalité économique qui dicte l'avancée de tout projet et la survie de toute entreprise va imposer un terrible sacrifice : le licenciement de plusieurs centaines de travailleurs éparpillés et employés par les concessionnaires, les distributeurs et leurs agents. Chômage forcé dans plusieurs branches Selon M. Bairi, le secteur emploie quelque 120 000 personnes et plus de 30 000 autres à titre d'emplois indirects. A partir de ces données et considérant que plus de 30% au minimum des véhicules sont vendus à crédit, il n'est pas erroné de faire une projection d'une perte d'emplois de plus de 30% dans le seul secteur automobile. Traduction : au minimum, ce sont pas moins de 30 000 personnes qui vont se retrouver au chômage. Ce que confirme d'ailleurs avec grand dépit le président de l'association, d'autant que désormais, le chiffre d'affaires promis à une baisse spectaculaire va induire dans un climat de rude concurrence et de survie commerciale, la recherche des meilleures économies et de réduction des coûts qui se fera d'abord par réduction des charges notamment celles liées aux effectifs. Par-delà l'objectif, légitime ou non, des pouvoirs publics qui consiste à maîtriser la sortie de devises et à freiner le soutien d'une consommation fournie par l'importation, les études d'impact au plan socioéconomique de la mesure contenue dans la loi de finances complémentaire 2009 ne semblent pas avoir été suffisamment muries si tant est qu'elles aient été établies. En règle générale, un marché qui disparaît comme celui des crédits à la consommation n'est pas sans conséquences sur la sphère économique globale, en ce sens où des acteurs entiers, entre employés , employeurs, sous-traitants, transporteurs, transitaires et autres activités annexes devront inéluctablement subir brutalement la moindre secousse. sur un autre plan, l'accès aux véhicules neufs sera de plus en plus difficile sous le double verrou de la taxe et de l'obligation de paiement cash. Le véhicule d'occasion ressuscité Un chamboulement du marché qui favorisera à coup sûr la renaissance et l'émergence du marché de l'occasion qui va connaître sous l'effet de la nouvelle demande induite une flambée des prix spectaculaire. Pour revenir aux dimensions du marché de l'automobile, les prévisions des experts donnent une chute du chiffre d'affaires de plus de 50% en moyenne. pour certaines marques automobiles qui vendent à hauteur de plus de 75% grâce aux crédits bancaires, la facture des pertes, voire des manques à gagner, pourrait être sérieusement lourde. Aussi, est-il possible de s'attendre à la disparition de certaines marques qui ne tournaient que grâce au concours bancaire, tout comme la recomposition du marché concurrentiel qui imposera aux uns et aux autres de se concentrer exclusivement sur les modèles de voitures les plus convoités et donc qui persisteront à nourrir l'espoir de la continuité. Avec la nouvelle donne, les concessionnaires seront à coup sûr amenés à imaginer des formules de ventes autrement plus attractives, soit par le prix, soit par la forme de paiement. Sans le concours de la banque, les concessionnaires s'aventureront-ils dans la prise de risque sur un marché réglementairement instable et plein de surprises ?