C'est un Ramadhan pour le moins particulier auquel ont eu droit les algériens en cette année 2009. Un mois sacré survenu en pleine saison estivale ayant suscité d'entrée un changement subit de nos habitudes qui ont transité de ces plages où bon nombre d'entre nous se prélassaient au soleil pour se faire une place dans ce décor de rites religieux et de coutumes de haute spiritualité propres à cette parenthèse du jeûne. La parenthèse se ferme désormais, vu que le Ramadhan tire à sa fin non sans laisser derrière lui quelques stigmates à diverses échelles de gravité qui ont marqué beaucoup de nos citoyens, et que ces derniers ne seront pas près d'oublier de sitôt. Une fois de plus, ce Ramadhan 2009 a été plus cher que l'appréhendaient la majorité des ménages algériens. Les dépenses, quant à elles, étaient exponentielles – osons dire que c'est une véritable hémorragie – et ce, depuis le premier jour. L'angoisse des algériens qui ont dû casser leurs tirelires pour un rythme de vie plus coûteux, suivi de l'avènement de l'Aïd coïncidant avec celui de la rentrée des classes charriant dans son sillage une rentrée sociale à plusieurs niveaux. La flambée des prix avait vraisemblablement constitué la nature même de ce Ramadhan 2009, et ce sujet a fait couler beaucoup d'encre dans les colonnes des journaux et fait grand bruit sur la place publique. Beaucoup de nos concitoyens ayant contracté des crédits de consommation auprès des banques étaient contraints à ajourner leurs remboursements qu'ils effectuent par échéances mensuelles. C'est le cas de Idir, jeune démarcheur commercial locataire à Alger qui nous explique que «ce n'est guère un libre choix que d'agir ainsi mais c'est véritablement la seule façon de faire face à mes obligations qui se sont cumulées avec l'Aïd et la rentrée scolaire». Une mercuriale crachant du feu ! D'autres gens se croyant plus astucieux pensent trouver définitivement la parade nécessaire pour ne plus se plaindre du rythme de dépenses effrénées qu'impose le mois sacré. «La meilleure thérapie, selon Nadia, employée du secteur de la formation professionnelle, consiste à thésauriser dès maintenant une partie de son salaire en prévision du prochain Ramadhan.» C'est dire à quel point les prix des fruits et légumes, viande rouge et blanche, crachaient du feu durant ce Ramadhan en usant jusqu'à l'émiettement le pouvoir d'achat des algériens. Ce constat est presque devenu une affaire d'Etat et le président de la République lui-même avait publiquement tancé son ministre du Commerce, au motif de sa défaillance on ne peut plus caractérisée et son incapacité désormais chronique à faire preuve d'une quelconque maîtrise des différentes fluctuations du marché. «Les mécanismes de protection du pouvoir d'achat des algériens ont montré leurs limites» martèle le président Bouteflika à l'adresse de Djaâboub en plein conseil des ministres. Par ailleurs, l'on aurait vivement souhaité que cette flambée des prix faisant l'objet d'un cri d'alarme des plus assourdissants émanant de la base citoyenne soit dénoncée par les acteurs de la classe politique. Mais hélas, la majorité des partis que compte l'échiquier national se sont complètement effacés du décor et replongé de surcroît dans une léthargie toujours d'actualité pour beaucoup de formations politiques. C'est là en effet une démission qui en dit long sur une supposée prise en charge quasi illusoire des préoccupations des citoyens que prônent beaucoup de partis politiques notamment en période de campagne électorale. Agressions, scènes, crimes et hécatombes routières ! De la sinistrose et du comportement relevant d'une véritable folie meurtrière, des accidents de la circulation fauchant la vie de près d'une dizaine d'individus au quotidien selon des statistiques officielles, une explosion sans précédent de consommation de la drogue comme en témoignent les quantités donnant froid dans le dos saisies par les services de sécurité, voilà ce à quoi les algériens ont eu droit durant ce mois de Ramadhan qui tire à sa fin. Les grandes métropoles du pays ont été comme envahies par ce fléau d'agressions physiques devenues courantes et se manifestant à chaque coin de rue en ce mois de jeûne. Les nerfs à fleur de peau, il a suffi dans la plupart des cas d'un rien pour déclencher une rixe à l'arme blanche se traduisant dans la plupart des cas par des conséquences fatales. A titre d'exemple, rappelons les deux meurtres de la deuxième semaine du Ramadhan, les deux meurtres commis en plein jour à Constantine, le premier dans l'enceinte du marché public couvert «Bettou», près de l'ex-quartier St-Jean, et le second à Sidi Mabrouk, un quartier pourtant réputé tranquille. Le souvenir macabre de ce policier d'Annaba qui a ouvert le feu sur trois personnes de Sidi Salem qu'il a tuées sur le coup suscite encore beaucoup d'émoi. Un autre policier qui n'est plus de ce monde désormais a quant à lui tué sa femme avant de se donner la mort. Le drame qui a choqué plus d'un de par son degré de gravité s'est produit au dixième jour du Ramadhan dans le commune Zitouna, distante du chef- lieu d'El-Tarf d'une vingtaine de kilomètres. Seul point de satisfaction que l'on pourrait relever peut être pour le compte de ce Ramadhan 2009, l'accalmie en termes d'activités terroristes, ce qui dénote d'une maîtrise de la situation sécuritaire par les éléments de l'ANP ayant porté de multiples coups durs à l'organisation terroriste de Droukdel.