Le transfert de déchargement des navires transportant des marchandises non conteneurisées du port d'Alger vers les ports de Ghazaouet, Djendjen et Mostaganem a suscité un grand espoir, malgré les réticences de certains opérateurs, notamment celles des concessionnaires qui ont demandé son report. Entrée en vigueur le 1er octobre, cette décision interministérielle devra contribuer, selon les PDG des entreprises portuaires, non seulement à désengorger le port d'Alger, qui étouffe et a étouffé la capitale, mais aussi à développer les autres régions du pays. Des régions où le coût du foncier et de la main d'œuvre est «dix fois moins élevé que dans la capitale». Contactés hier, les PDG des entreprises portuaires de Ghazaouet et de Djendjen se disent mobilisés pour accueillir les navires dans de meilleures conditions. Les navires assurant le transport des produits alimentaires, de bois, de rond à béton et de toute marchandise non conteneurisée, de même que ceux transportant les véhicules (car-carries ou rouliers) ne peuvent plus décharger leurs marchandises au port d'Alger depuis le 1er octobre 2009. Le gouvernement avait pris cette décision au mois d'août dernier afin de résoudre le problème de la congestion du port d'Alger, qui coûte chaque année à l'Etat environ 700 millions de dollars de surestaries, somme déboursée aux armateurs en raison des délais d'attente des bateaux en rade. Les navires transportant des marchandises sont acheminés vers les ports de Djendjen (à l'Est), Ghazaouet et Mostaganem (à l'Ouest). Le port de Djendjen a accueilli ce samedi le car-carrier Aniara, battant pavillon suédois, acheminant soixante-quinze camions pour le compte de concessionnaires algériens, a indiqué hier le PDG de cette entreprise portuaire, Mohamed Othmane, qui se réjouit de la décision prise par les pouvoirs publics. Le navire appartenant à la compagnie maritime suédoise Wallenius Wilhelmsen a commencé les opérations de débarquement dans l'après-midi. Tous les moyens requis pour cette nouvelle activité confiée au port de Djendjen étaient réunis, explique-t-il. Déjà 50 nouveaux emplois D'ores et déjà, l'entreprise portuaire de Djendjen a fait appel à 50 chauffeurs, recrutés comme employés du port pour les besoins de cette nouvelle activité. Le premier responsable du port de Djendjen nous a affirmé que les conditions de traitement de ces navires sont réunies, rassurant du coup les importateurs qui ont exprimé des inquiétudes depuis l'adoption de cette décision. «Nous avons des espaces dédiés pour le stockage et la réception des marchandises, des terrains d'une superficie de 105 hectares et des moyens pour assurer le débarquement des véhicules. Nous sommes outillés avec des moyens modernes et en mesure d'assurer l'activité sans aucune difficulté», a tenu à souligner M. Othmane. Le port de Djendjen aspire à devenir aussi un grand terminal à conteneurs du pays, dépassant ceux d'Alger et de Béjaïa. Le partenariat arraché avec la multinationale Dubai Port World permettra au port de Jijel de se placer parmi les plus grandes infrastructures portuaires de Méditerranée, à l'instar du port de Marseille. Parmi les investissements envisagés : une base de transbordement permettant le transit de tout type de navires, même ceux qui ne pouvaient, il y a quelque temps, transiter par les ports algériens en raison de la faiblesse des moyens. En 2008, le port de Djendjen avait traité 2 millions de tonnes de marchandises. «Nous sommes capables d'accueillir des navires transportant 8000 véhicules. En matière de terrains, nous disposons d'un parcs de 2 hectares», a soutenu le PDG du port de Djendjen, assurant que des lettres de félicitations lui ont été adressées par de grands armateurs internationaux attestant de la qualité du travail effectué. Le programme mis au point par l'entreprise prévoit le débarquement au port de Djendjen de plus de 4700 véhicules légers, camions et autres engins de travaux publics durant le mois d'octobre. Port de Ghazaouet : «Nous sommes prêts» Au port de Ghazaouet, «le client est roi». Le PDG de cette entreprise, Brahim Abdelmalek, s'étonne que des importateurs s'inquiètent des conditions de réception des navires dans son port. «En 2008, nous avons traité plus d'un million de marchandises. Après la décision des pouvoirs publics de transférer les activités de traitement des marchandises d'Alger vers les ports de Ghazaouet, Mostaganem et Djendjen, nous avons engagé une politique de marketing et de communication afin d'expliquer aux importateurs que nous sommes suffisamment équipés. Nous possédons une plate-forme de 2,5 hectares, dont 6000 m2 de surface couverte. A 10 kilomètres du port, nous avons 3,1 hectares vierges. Nous sommes toujours prêts à investir si les importateurs veulent travailler avec nous», a tenu à souligner le premier responsable du port de Ghazaouet. Cette infrastructure est reliée au réseau routier national et aux chemins de fer. Le phénomène des navires en rade n'existe ni à Ghazaouet ni à Djendjen, contrairement au port d'Alger qui suffoque à cause du nombre de bateaux attendant leur déchargement. S'agissant du port de Mostaganem, nous n'avons pu obtenir d'informations précises, le PDG, Chérif Mokhtar, étant absent hier. Les responsables du port d'Alger n'étaient pas également joignables pour nous renseigner sur les effets de la décision prise par les autorités publiques. Mais une chose est sûre : la mise en œuvre de cette instruction interministérielle devra contribuer, selon les responsables portuaires, au développement des régions de l'intérieur du pays et favorisera la naissance de nouveaux pôles économiques, à l'exemple de ceux de Béjaïa, Oran et Skikda. Les régions de Mostaganem, Ghazaouet et Jijel disposent d'immenses terrains vierges à des prix de loin inférieurs à ceux pratiqués autour de la capitale. Les conditions socio-économiques sont largement favorables à la naissance de nouvelles industries et commerces. Le PDG de Mostaganem nous a indiqué, il y a plus d'une année, qu'il attendait avec impatience l'arrivée d'un industriel de l'envergure de Cevital.