Les patients atteints de troubles psychiques, les malades souffrant d'épilepsie, les dépressifs en général, de même que les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer peinent à se dénicher les médicaments qui leur sont nécessaires à même d'alléger leurs souffrances. Des médicaments qui ont pour nom Valium, Temesta, Diazépam ou encore Rivotril sont quasiment introuvables au niveau des officines. Le président de l'Ordre des pharmaciens, M. Babahmed, regrette de de devoir établir un constat aussi «déplorable à plus d'un titre» à ses yeux. La première conséquence directe de cette situation à laquelle sont confrontées depuis des années les officines pharmaceutiques, c'est la fâcheuse réalité mettant en exergue le fait que cette catégorie de malades est livrée à elle-même ! Mais pour quelle raison au juste les psychotropes sont-ils introuvables au niveau de pharmacies ? Réponse de M. Babahmed : «c'est un problème qui trouve son origine dans la mauvaise interprétation des dispositions de la loi contre la toxicomanie adoptée en 2007. La campagne menée tambour battant autour de cette loi dans laquelle il est notifié le risque d'encourir jusqu'à 10 années de prison ferme pour tout pharmacien délivrant des psychotropes aux citoyens a poussé les professionnels du secteur à refuser de vendre ces médicaments.» Voulant aller davantage dans les détails, le président de l'Ordre des pharmaciens dira que si ces derniers s'obstinent à ne pas vendre de psychotropes, c'est parce que nombre de leurs collègues ont écopé de lourdes peines de prison. Une dizaine de pharmaciens derrière les barreaux Pas moins de dix pharmaciens ont été en effet arrêtés par les services de sécurité, nous apprend M. Babahmed, en précisant que certains d'entre eux ont écopé de lourdes peines de prison. Il nous expliquera aussi qu'une fois ces arrestations rendues publiques, «c'est non seulement les pharmaciens qui refusent de vendre les médicaments mais également les grossistes et les importateurs activant dans ce domaine». en outre, selon M. Babahmed, la pénurie de psychotropes au niveau des officines s'explique aussi par «l'usage détourné de ces médicaments». Autrement dit, des quantités considérables de psychotropes finissent entre les mains des trafiquants de drogue. Par ailleurs, les dispositions contenues dans le texte de loi contre la toxicomanie sont d'une telle sévérité que les intervenants dans la chaîne de commercialisation ne souhaitent pas avoir affaire à ces médicaments. Ce qui porte préjudice aux nombreux malades qui expriment un besoin urgent en psychotropes pour un usage purement médical. Interrogé, par ailleurs, au sujet de la contrefaçon dans le domaine des médicaments, le président de l'Ordre des pharmaciens répond que l'Algérie est épargnée par ce genre de problème du fait de l'inexistence d'un marché parallèle de commercialisation d'antidotes. Néanmoins, M. Babahmed recommande aux différents intervenants dans ce domaine d'être plus vigilants afin de parer à la commercialisation de médicaments contrefaits en Algérie. A ce titre, il suggère plus de traçabilité dans le cheminement des médicaments, de même que davantage de responsabilité au niveau des officines pharmaceutiques.