Le non-paiement de la pension alimentaire identique à l'abandon de famille et est aussi puni par l'article 331 loi n°06-23 du 20 décembre 2006, du code pénal d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de cinquante mille à trois cent mille dinars. Kader L., pourtant sympathique barbu, correctement vêtu à la «saoudienne», s'était avancé à la barre en vue de demander une confrontation chez l'huissier avec l'ex-épouse, la maman de deux fillettes qu'elle présente comme étant la proie de la misère d'un quotidien de plus en plus dur, et surtout depuis le dernier ramadhan qui a vu les prix des produits alimentaires monter en flèche pour ne plus s'arrêter. La juge, elle avait son idée sur l'inculpé à qui elle avait pourtant rappelé que des papas comme lui, devaient savoir ce qu'Allah a recommandé. L'inculpé de non-paiement de la pension alimentaire de ses deux fillettes de cinq ans et dix-huit mois avait une très belle allure avec sa parfaite barbe noire, propre, son kamis plus blanc que le blanc, mais aussi et surtout la trouille qu'il avait eue lorsque Selma Bedri, la présidente de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach, juridiction qui relève de l'autorité de la cour d'Alger, l'avait appelé aussi que son ex-épouse qui semblait avoir atterri de Peshawar avec son niqab noir. d'emblée, la juge invita la dame à décliner son identité en lui ordonnant de relever les deux voiles aussi noirs que le niqab et la paire de bottes. «Madame, que voulez-vous de votre ex-mari ? Qu'avez-vous à lui reprocher ?», dit de suite Bedri dans un bon jeudi. «Il me doit plus de neuf millions de centimes et ce sont ses filles qui sont dans le besoin. La vie est si chère vous savez... Nous ne pouvons nous en sortir sans le papa.» - «Mes filles ? Cela va faire plus d'une année que je ne les ai plus revues !», coupe intempestivement le papa inculpé, comme pour se cacher derrière son ratage d'assistance... - «Vous, n'importunez plus le tribunal. Vous me parlerez qu'avec sa permission. Et puis, pour le droit de visite, c'est un autre dossier qui n'a rien à voir avec celui-ci», tonne la magistrate que l'inculpé ne va pas laisser continuer ses remontrances : - «Madame la présidente, je voudrais que l'on aille chez l'huissier établir un tableau de ce que je dois à mes filles», balance sans sourciller le beau barbu. - «Voilà ce qui s'appelle connaître Allah et ses lois. Le tribunal apprécie votre votre position et retient votre proposition», lâche, le regard net, Bedri, visiblement heureuse d'en finir avec ce couple entré dans une haine sans nom mais qui, enfin, avait songé aux enfants. Nadia Belkacem, la procureure, venait de réaliser la fin des hostilités et allait même regretter de ne pas avoir à effectuer les demandes, puisque la présidente venait de renvoyer les débats juste après la visite du couple, parti en morceaux vers la mi-novembre 2008. Kader L. quitta la barre en lançant un sec salut au tribunal, mais en évitant de regarder en direction de son ex-moitié, la mère de ses deux fillettes, devenue la diablesse à éviter.