Si la première édition du festival international d'art contemporain regroupe divers artistes de différents pays, elle offre une vue synoptique de l'art moderne dans ses diverses facettes et composantes. Cette exposition collective au Musée d'art moderne d'Alger (Mama), qui se tient jusqu'à la fin du mois, rappelle que l'art moderne transcende les frontières pour livrer des messages universels. Initiée par le ministère de la Culture, cette manifestation méconnue permet de vulgariser cet art et de le mettre à la portée d'un large public. Intitulée «Terre», cette exposition collective focalise sur des thématiques d'actualité à travers l'art pictural, les installations et les vidéos. Des artistes de divers horizons Venus d'horizons divers, notamment de Jordanie, Palestine, Tunisie, Nigeria, Inde, Chine, Chili, France, Belgique, Maroc et Mexique, chaque artiste raconte, par le biais de son art, son vécu, ses ressentis et ses impressions. Il donne un aperçu du fonds culturel et identitaire de son patrimoine. Dans le registre des arts plastiques, l'Inde, la Chine et le Mexique offrent une palette variée qui convie à ces contrées lointaines avec leurs propres spécificités. Les aquarelles indiennes de Avishek Ben témoignent de cette culture et religion basées sur la nature et les dieux. Mora Wangying Juan décline le monde innocent de l'enfance avec ces deux magnifiques toiles aux tons pastel. Les multiples sucreries aux tons roses, turquoises, bleues suggestionnent et titillent le palais tout en donnant envie d'y goûter. Avec l'artiste peintre Daniel Ronéo, c'est une incursion en terre mexicaine avec de superbes compositions bigarrées aux thèmes allégoriques et engagés portant sur la liberté, l'impérialisme américain et la mondialisation. Le Jordanien Diala Khasawinih offre au regard trois compositions se déclinant dans des portraits de famille, alors que la Chilienne Hermosa Andres avec son immense aplat de vert souligne cette tendance à l'art contemporain. Sadek Rahim entre le passé et le présent Dans le volet installation, l'Algérien Sadek Rahim raconte ce passé/présent par cette phrase «partir où, revenir où», illustrée par le biais d'une valise blanche. Amar Bouras avec ses vagues interpelle sur le départ et l'évasion. Sahn El Batoul, du Maroc, fait état de la misère à travers son installation tout en noir avec une cocotte-minute complètement fêlée. Des cordes pour pendre des prisonniers nous introduisent dans le monde sans liberté ni démocratie grâce à la création du Cubain Douglas Angeles. Le Nigérien Okafor Amarachi à l'ingéniosité certaine s'adonne au voyage en créant par le biais de tissus des enveloppes timbrées. Dans la bande dessinée, c'est l'Iran qui est à l'honneur avec un seul bédéiste au crayon, à l'encre de chine et par ordinateur. C'est Bita Fayazi qui s'adonne à ce sixième art. En matière de vidéo, bon nombre d'artistes ont eu recours à cette exposition dont Taysir Batni, qui relate sa Palestine à travers un bateau rempli à craquer d'hommes qui tangue, à l'image de ce pays mouvementé. La forêt et les rituels africains sont mis en exergue dans les vidéos des Français Laval Marion et Benoît Maugin. Ces installations qui s'inscrivent dans cet art contemporain permettent de mieux l'appréhender. Cette exposition très diversifiée et si riche témoigne de l'innovation et de la créativité de ces innombrables artistes d'horizons divers. A voir expressément pour avoir une idée de l'art contemporain.