Une très forte avancée de la grippe A a été enregistrée en Algérie. Le virus H1N1 s'est propagé en effet d'une façon fulgurante durant la dernière quinzaine du mois de novembre. En attendant l'arrivée du vaccin, le ministère de la Santé a pris des mesures de contrôle supplémentaires au niveau de l'aéroport international, afin de minimiser le risque de contamination du virus qui risque d'augmenter avec le retour des hadjis. Le ministère de la Santé a, en effet, prévu de doubler le personnel sanitaire chargé du contrôle de la grippe A, au niveau de l'aéroport Houari Boumediene, pour accueillir les hadjis qui seront de retour des Lieux Saints entre le 2 et le 25 décembre. Contacté par nos soins, un membre de l'équipe de contrôle indique que la tutelle a déjà pris la décision de renforcer son dispositif à la veille du retour des 36 000 hadjis algériens non vaccinés qui se sont rendus à La Mecque. Et bien que nos pèlerins aient été suivis de près par une équipe médicale très qualifiée, qui s'est déplacée avec eux, la vigilance reste obligatoire. L'équipe présidée par le docteur Abdelkader Benchihab, directeur de l'équipe de contrôle de la grippe A, à l'aéroport international d'Alger, s'est dotée de 40 000 doses de Tamiflu. Cette initiative est plus qu'indispensable afin de pouvoir prendre en charge les personnes atteintes du virus, étant donné que le risque de contamination est très possible vu que l'Arabie Saoudite est très touchée par la pandémie. En effet, depuis le 3 juin, date de l'enregistrement du premier malade atteint de la grippe A, l'on a recensé plus de 22 000 cas suspects dont 7000 confirmés et plus de 80 morts. Le même interlocuteur affirme que la situation se dégrade sensiblement en Algérie puisqu'on est passé à la contamination interhumaine difficile à maîtriser. Une activité épidémiologique intense est, en effet, enregistrée en Algérie, reflétée à travers le nombre de cas recensés au cours des derniers jours, passant à 274 cas confirmés, selon le dernier bilan rendu public par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Selon les spécialistes du dossier, ce chiffre est en deçà de la réalité puisque ces cas sont ceux recensés et le nombre de cas infectés par le nouveaux virus risque de prendre des proportions alarmantes dans les jours à venir. La même source précise que parmi les cas non encore déclarés, les supporters des Verts qui se sont déplacés au Soudan. «C'est plus de 10 000 supporters qui se sont rendus au Soudan. Leur départ et leur retour au pays s'est fait dans la précipitation et l'équipe de contrôle sanitaire n'a pas pu contenir ces voyageurs.» Ajoutant : «D'autant plus, une grande partie des supporters sont rentrés via l'aéroport militaire de Boufarik, alors on ne peut rien confirmer.» Selon cette même source, «le nombre de cas atteints risque de doubler, dans les jours à venir». Evoquant la possibilité du renforcement du dispositif de contrôle, notre source indique qu'il ne pourrait pas y avoir un autre dispositif. «C'est le même dispositif adopté à travers le monde, suivant les instructions de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).» Enchaînant : «Le meilleur dispositif est le vaccin qui n'est pas encore disponible en Algérie.» Il a tenu à signaler également que les premières doses qui seront réceptionnées seront consacrées uniquement à la corporation médicale et aux personnes vulnérables. Le vaccin est le meilleur dispositif Interrogé sur les premiers cas de décès enregistrés en Algérie, le docteur Oulmane Djamel Eddine, spécialiste en communication et président de l'association Primage, explique que «l'Algérie vient d'enregistrer ses premiers cas de décès dus à des complications de la grippe A». Selon lui, c'est un signe qu'à l'instar de ce qui se passe dans le monde, cette grippe progresse aussi chez nous. Il précise par ailleurs que «la gravité des possibles complications pulmonaires que la pandémie peut entraîner chez certaines personnes sont le problème le plus difficile à gérer», ajoutant toutefois que «pour le moment, cette grippe détectée et prise en charge à temps par les services de santé guérit dans la majorité des cas». Il rappelle, en guise de conseil à nos concitoyens, que les moyens mis en branle par l'Etat et la mobilisation des personnels de la santé ne doivent pas occulter le fait que l'implication des citoyens doit aussi être de mise. La prévention, selon le docteur Oulmane, peut protéger les citoyens et ralentir de ce fait la progression de la maladie «afin que les services de la santé puissent gérer le flux des malades pour mieux les prendre en charge». Il faut donc obligatoirement se laver les mains plusieurs fois par jour pour freiner la diffusion du virus par les mains et les objets usuels que nous touchons tous quotidiennement. Eternuez ou toussez dans un mouchoir jetable. Propagation fulgurante de la pandémie à travers le monde Plus d'un millier de nouveaux décès dus au virus H1N1 ont été recensés en une semaine, portant le nombre des victimes dans le monde à 7826, selon le dernier bilan rendu public par l'Organisation mondiale de la santé. Un bilan qui s'est alourdi suite au recensement de plus d'un millier de décès supplémentaires, soit plus de 16%, en une semaine. En Europe, le nombre de personnes ayant succombé à cette épidémie a connu en une semaine une hausse de plus de 85%, soit 300 nouveaux décès, portant ainsi le nombre total de victimes à au moins 650 morts. Parmi les régions les plus touchées par le virus de la grippe figure le continent américain qui a recensé 554 nouveaux décès pour atteindre un total de 5360 morts. Par ailleurs, dans la région Asie-Pacifique, le bilan des victimes a atteint au moins 1382 morts avec une augmentation de 59 nouveaux cas mortels. Un précédent bilan de l'OMS faisait état d'environ 6750 morts dans 206 pays et territoires. Une mutation récente sème l'inquiétude Il y a eu en effet deux mutations du virus H1N1 qui doivent être prises très au sérieux. La première a touché les parties du génome qui permettent au virus d'entrer dans les poumons et de provoquer des lésions pulmonaires mortelles. La seconde, intervenue pour l'un des deux patients décédés dernièrement en France, a conféré au virus une résistance au Tamiflu. Ces deux mutations qui sont intervenues dans deux villes différentes de la France s'avèrent similaires à celles observées en Norvège. Selon les spécialistes de la santé, ce qui est à craindre, c'est qu'elles peuvent s'amplifier. Selon le professeur Jean-Philippe Derenne, qui a suivi la mort de deux patients français porteurs d'une mutation du virus de la grippe A à l'hôpital La Pitié-Salpêtrière à Paris, «les pandémies grippales sont imprévisibles. Elles n'arrivent jamais quand on les attend, ni où on les attend et sous des formes différentes de celles prévues. Il faut donc suivre l'évolution des choses, et notamment des formes de grippes graves, avec la plus grande attention».