Nouvelle pénurie. Le vaccin antigrippal est introuvable dans les structures hospitalières publiques. Toutes les personnes qui se présentent aux hôpitaux et autres structures de la santé pour se faire vacciner reviennent bredouilles. Une réponse leur est fournie par le personnel médical : «Nous sommes en rupture de stock. Il n'y a plus de vaccin. Il faut revenir un autre jour, peut-être qu'il y aura de nouvelles quantités». Des personnes âgées, des malades chroniques et même des enfants espèrent encore faire ce vaccin après l'expiration de la période de la campagne de vaccination menée en novembre dernier, mais cette pénurie déclenchée aussitôt, coupe court à leur espérance et se pose comme un véritable blocage à la satisfaction de ce besoin vital. «J'ai ramené ma mère dans l'espoir de la faire vacciner contre la grippe saisonnière qu'elle fait, habituellement, chaque année. C'est une vieille âgée de plus de 80 ans. L'arrivée de la grippe porcine en Algérie me fait peur quant à son état de santé et les risques que les personnes fragiles encourent. Mais là, on me dit que le vaccin n'est pas disponible. C'est vraiment dommage», nous dira un citoyen de retour de l'hôpital d'El Kettar. Cette pénurie intervient à quelques jours de la fin de la campagne de vaccination organisée les 15, 16, et 17 novembre dernier. Un ordre de priorité a été établi lors de cette campagne où il a été question de vacciner le personnel de la santé médicale et paramédicale, les personnes hospitalisées, avant de passer au grand public avec un privilège accordé particulièrement aux personnes atteintes de maladies chroniques, respiratoires, cardiaques, diabétiques et métaboliques. Le prolongement de l'opération a été décidé après le 18 novembre passé pour permettre à toutes les personnes de se faire vacciner contre la grippe saisonnière, mais les problèmes de pénurie ont vite gagné du terrain. Pourtant, des garanties ont été données par les responsables du département de Saïd Barkat qui ont affirmé que des doses suffisantes existent sur le marché et permettent de faire une vaccination ouverte et touchant le maximum de personnes. 1 600 000 doses importées, un million de personnes vaccinées Le ministère de la Santé, à travers l'Institut pasteur, a importé 1 600 000 doses de vaccin et 150 000 doses de vaccin pédiatrique, soit des quantités plus importantes que celles importées les années précédentes. Cette pénurie s'est déclenchée au moment où les prévisions faites par le ministère de la Santé relèvent un surplus de vaccins qui allait être orienté vers les pharmacies. L'organisation d'une campagne de vaccination est venue donc mettre fin à la libre vaccination qui s'opérait durant les années précédentes. Les statistiques fournies à la fin de la campagne ont fait état de la vaccination de près d'un million de personnes, soit inférieure aux doses importées. «Nous n'avons pas été informés des quantités importées. Tout a été destiné aux structures hospitalières. Mais la pénurie ne peut signifier qu'une insuffisance dans les quantités de doses importées», nous dira Messaoud Belambri, président du Snapo. Notre interlocuteur réitère la position de son organisation qui dénonce la façon avec laquelle la campagne s'est déroulée. «D'habitude, et pendant 15 années, les choses se passaient dans les meilleures conditions. Tous les gens étaient vaccinés et aucune pénurie n'était provoquée durant la saison de vaccination qui était libre et totalement indépendante», a-t-il affirmé. La situation est, selon M. Belambri, plus inquiétante avec l'arrivée du virus de la grippe A/H1N1 très redouté. «A mon sens, on aurait mieux fait de vacciner le maximum de personne. La grippe A va compliquer davantage la situation car les deux types de grippe ont le même degré de gravité et présentent les mêmes risques. Aussi, selon une étude mexicaine, le vaccin contre la grippe saisonnière diminue le risque de contamination par la grippe porcine, d'où l'importance de se faire vacciner. Aussi, n'oublions pas que la grippe saisonnière est mortelle», dira-t-il. La pénurie ne touche pas uniquement le vaccin contre la grippe saisonnière. Plusieurs autres médicaments connaissent une perturbation en termes d'approvisionnement. L'institut Pasteur, organisme étatique responsable de l'opération d'importation, a eu l'occasion, à travers ses représentants, de soulever des problèmes et des contraintes d'importation de médicament et de vaccins en raison des dernières mesures de la LFC 2009. Les responsables de cet institut ont saisi officiellement la Banque Nationale Algérienne (BNA) pour lui demander d'avoir des dérogations spéciales pour l'importation des médicaments, vu les difficultés rencontrées dans les démarches du crédit documentaire.