La négociation des prix d'exportation du gaz sera serrée. Une révision des prix n'est pas écartée pour les contrats à long terme, s'est inquiété hier Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, en marge «des journées d'études projets complétées», organisées au siège de l'Institut de formation en électricité et gaz (IFEG). L'important développement du gaz non conventionnel aux USA a «influencé la stratégie de vente du gaz dans le futur», a-t-il relevé. Le gaz non conventionnel, qui représente actuellement plus de la moitié de la production américaine de gaz, a bouleversé le marché mondial. Ce développement inattendu était «une surprise» pour les pays exportateurs de gaz comme l'Algérie. Cette montée en puissance a bouleversé les prévisions et devra inciter les pays gaziers à prendre en considération cette nouvelle donne. Cet essor se poursuivra eu égard aux potentialités technologiques développées dans ce domaine et influencera les stratégies d'exportations des pays exportateurs de gaz. En 2030, le gaz non conventionnel devrait représenter près de 60% de la production américaine de gaz, contre à peine 30% en 2000, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). S'attendant à un excédent de l'offre du gaz, Chakib Khelil invite, à cet égard, à une «plus grande coordination entre les pays producteurs de gaz». Un écart en terme de prix paraîtra entre les contrats à moyen terme et ceux à long terme, s'inquiète le ministre, expliquant que le prix du gaz dans les contrats à long terme est indexé sur les prix du pétrole. Mais, a-t-il ajouté, l'existence d'un marché «spot» aux Etats-Unis impactera sensiblement les prix négociés. Les pays importateurs de gaz auront d'abord un regard sur le marché spot, où les prix sont inférieurs par rapport à ceux négociés dans le cadre de contrats à long terme, avant de prendre des décisions d'achat. Ils préféreront s'approvisionner sur ce marché pour pouvoir réaliser des économies en argent. Ainsi, les commandes seront révisées à la baisse et ces pays importateurs feront la pression sur les pays exportateurs pour faire reculer les prix. Le forum des pays producteurs de gaz, annonce Chakib Khelil, a pris une décision à Doha pour élaborer des propositions qu'il soumettra lors de la réunion d'Alger en avril 2010 pour pouvoir réagir. Par ailleurs, le ministre a annoncé la création d'un Groupe Mine qui réunira les entreprises activant dans ce secteur, citant notamment Ferphos. Le Groupe est en constitution, a indiqué le ministre. Il a saisi l'occasion également pour revendiquer «une volonté politique» afin de permettre à l'Algérie d'augmenter ses capacités de production de gaz, laquelle production serait équivalente à la production du pétrole des pays de l'Opep. Le pétrole à 80 dollars en 2010 Les prix du pétrole en 2010 se maintiendront entre la fourchette de 70 et 80 dollars le baril, a préconisé Chakib Khelil. Malgré l'abondance de l'offre, les prix actuels sont tirés par les attentes d'une reprise économique en 2010. La situation actuelle diffère de celle de 2008 lorsque les prix étaient tirés par la spéculation. Chakib Khelil s'attend à une hausse des prix dans les prochains mois, conditionnée par la croissance économique notamment en Chine, en Inde et dans certains pays du Moyen-Orient qui prévoient une évolution entre 3 et 4%. Le programme interne de la Chine qui prévoit une croissance de 8,5% renforcera la demande en pétrole, a-t-il prédit. Les prix peuvent encore grimper dans le cas où les Etats-Unis et les pays européens enregistrent une croissance. Alors qu'il représentait 61 jours de consommation au cours des six derniers mois, le stock de pétrole représente actuellement 58 jours de consommation, au moment où l'objectif de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) est d'atteindre un stock équivalent de 53 jours. «Des signes laissent entrevoir un niveau acceptable» par les pays membres de l'Opep, a révélé Chakib Khelil. Exportation via Medgaz début 2010 Revenant sur les récentes décisions du gouvernement espagnol interdisant la commercialisation aux entreprises productrices de gaz, le ministre a indiqué qu'une solution sera trouvée pour Sonelgaz Evoquant les projets réalisés en Algérie, le ministre a avancé un bilan positif qui s'est soldé notamment par la réception de plusieurs stations de dessalement d'eau de mer, des projets de raccordement de gaz et la réalisation du projet Medgaz qui permettra l'exportation du gaz vers l'Espagne au cours des premiers mois de 2010, a-t-il annoncé sans avancer une date précise. En termes de recettes en hydrocarbures, le ministre a annoncé que l'année 2009 sera clôturée par un bilan de 42 milliards de dollars. «Ce sont des recettes appréciables», a estimé le ministre, souhaitant le maintien de ce niveau de recettes l'année prochaine. Partager les informations pour garantir le succès Au sujet de la rencontre d'hier, le ministre a noté qu'à travers les rapports projet complété, il est possible d'analyser, de connaître les contraintes internes et externes et de là en tirer les leçons. Grâce à ces études (de marché, de faisabilité, etc.), l'entreprise pourra apporter les corrections nécessaires et effectuer une évaluation correcte des projets. «C'est important pour le développement interne de l'entreprise», a estimé le ministre. Ceci permettra la capitalisation des expériences, le partage des informations entre les différents acteurs des projets, éviter les répétitions d'erreurs, les mauvaises prises de décisions et l'inexistence de retour d'expérience. Il ne s'agira pas de formation académique, a-t-il expliqué à la presse. Ainsi, le mode de gestion systématique des savoirs et des savoir-faire (knowledge management) apportera une solution en augmentant le taux de succès des projets. A travers la présentation de ces analyses et études, il sera possible d'améliorer la formation des ressources humaines qui sera assurée par l'Institut algérien du pétrole (IAP) et l'IFEG. Les «Rapports Projet Complété» des projets «Kahrama» et la centrale de Skikda sont en cours de finalisation, alors que ceux de la «centrale SKH» et de «dessalement d'eau du Hamma» sont en cours d'élaboration. D'ici 2010, entre six à sept Rapports seront finalisés.