À l'instar du personnel médical et paramédical, les femmes enceintes, à Constantine, ont boudé la deuxième phase de la campagne de vaccination contre la grippe A. Le ministère de la Santé est obligé de revoir cet épineux dossier, d'autant qu'il s'agit de la vie d'une catégorie jugée fragile. Hier, les espaces réservés à l'accueil des femmes enceintes, dont les polycliniques et les salles de soins de la ville et de sa périphérie, étaient presque vides. Seuls les médecins et les agents de sécurité étaient présents. Une virée au niveau de la polyclinique Abane Ramdane, relevant de l'EPSP Larbi Ben M'hidi du centre-ville, nous a confirmé que le vaccin contre la grippe A fait peur. Les rumeurs, les avis contradictoires et la mort du médecin du CHU Saâdna de Sétif sont les causes directes de la réticence des femmes enceintes. A 11h30, le registre des statistiques était vide. Aucun nom de femme enceinte, qui ne présente pas de contre-indication à la vaccination, ne figurait sur ce document. «Le taux de vaccination est de 0. La tranche des femmes enceintes concernée n'a pas répondu favorablement à l'appel pour la vaccination», confirmera un employé de la polyclinique. «La peur s'est emparée de la plupart des femmes enceintes, suite à l'annonce de la mort du médecin de Sétif, qui a été vaccinée quelques heures avant son décès», dira une infirmière au niveau de la polyclinique Abane Ramdane. Et d'ajouter : «Dimanche dernier, jour de consultation, les femmes enceintes qui se sont présentées à notre structure sanitaire nous ont confirmé qu'elles ne viendraient pas ce mardi pour se faire vacciner contre la grippe A. Elles ont justifié leur décision par l'absence de garanties de sécurité.» Dans le même contexte, on apprend que tous les employés de ladite polyclinique n'ont pas été vaccinés à ce jour. «Je ne suis pas vacciné et je ne vais pas me faire vacciner, pour la simple raison que j'ai peur des effets de ce vaccin», lancera un employé. Même constat à Hamma Bouziane Même constat au niveau de la polyclinique de la localité de Bekira relevant de la commune de Hamma Bouziane. Les femmes enceintes, qui font partie de la tranche à risque, ont opté pour les consultations et ont refusé catégoriquement de se faire vacciner. Il était midi lorsqu'une vaccinatrice nous a informé que le registre ne comptait aucun chiffre et que les unités du fameux vaccin étaient toujours intactes. «Elles attendent toujours d'éventuelles candidates pour être ouvertes !», s'exclamera une vaccinatrice. «Le mardi est le jour de consultation des femmes enceintes, mais ces dernières ne se sont pas présentées comme à l'accoutumée. Avant l'arrivée du vaccin, les femmes enceintes nous assaillaient de questions. Elles attendaient avec impatience l'arrivée du quota de notre wilaya. Mais après la mort du médecin de Sétif, les choses ont complètement changé», expliquera une sage-femme. Et de rétorquer : «Ces femmes, qui ont changé d'avis, nous disent qu'elles préfèrent prendre les mesures relatives à l'hygiène et autres, sauf le vaccin, pour se protéger de la maladie mortelle.» Du côté du personnel actif de cet établissement de santé publique, qui s'est doté pour l'occasion d'une salle d'observation équipée d'un matériel d'urgence, c'est le refus total. Les médecins, les paramédicaux (sages-femmes et infirmiers), les employés de bureau et les agents de sécurité ont évité le geste de vaccination, par peur, selon leurs dires. De l'avis de certains observateurs locaux, la population constantinoise doute de la sécurité du vaccin, d'autant que le personnel médical, paramédical et administratif des différents services hospitaliers et des unités de santé a refusé de se faire vacciner. «L'individu lambda se pose la question suivante : pourquoi les médecins et les infirmiers ont boudé la première tranche de la campagne de vaccination ?», diront nos interlocuteurs. En effet, selon les estimations d'une source proche des services concernés par la vaccination du personnel, toutes catégories confondues, du centre hospitalo-universitaire Ibn Badis, retenu comme centre de référence, le nombre de personnes vaccinées se compte sur les doigt des deux mains. «Plusieurs services, dont celui des maladies infectieuses, ont affiché le chiffre zéro, ce qui explique la peur des citoyens», lancera un infirmier au niveau du CHUC.