Six semaines déjà que le président du Nigéria n'a pas donné signe de vie de son «exil médical» en Arabie saoudite. Le silence d'Umaru Yar'Adua inquiète et les rumeurs de putschs se font de plus en plus persistantes. Le chef de l'Etat a-t-il suivi, ne serait-ce qu'à la télé, le feuilleton de la Northwest Airlines et le coup de gueule de Barak Obama contre les chefs du renseignement américain alors qu'un général vient d'enfoncer le clou en émettant des doutes sur l'efficacité de ces mêmes services en Afghanistan ? Hormis la protestation officielle du Nigeria auprès des Etats-Unis pour avoir été listé parmi les 14 pays dont les ressortissants devront subir davantage de contrôles dans les aéroports américains, le président Umaru Yar'Adua est resté muet. Ce qui laisse croire que plus grand-monde ne prend au sérieux les communiqués laconiques de la présidence qui font état de son prochain retour aux affaires. Si cette longue vacance du pouvoir venait à se prolonger, l'issue de l'actuelle crise constitutionnelle deviendrait-elle beaucoup plus incertaine ? Jusqu'au jour d'aujourd'hui et malgré l'insistance de l'association des barreaux du Nigeria pour que le vice-président soit porté provisoirement à la tête du pays, le calme demeure le maître mot. Tout comme il est étrangement en Guinée en l'absence du capitaine Dadis Camara qui tarde lui aussi à rentrer du Maroc pour des raisons plus politiques que médicales. Craint-il plus pour sa personne que pour sa santé ? Il risque d'être traduit devant la cour internationale de justice et ce n'est pas la France qui va lever le petit doigt, avant de s'envoler pour le royaume chérifien, le capitaine Camara avait accusé Paris de se tenir derrière le sanglant chaos qui avait régné à Conakry. Ce «mauvais côté» de la Francafrique, dont le régime de Lomé avait également fait état à la même période, avait fait réagir le président Nicolas Sarkozy et son ministre des affaires étrangères qui s'étaient immédiatement insurgés contre ces attaques calomnieuses. Depuis, le maître de l'Elysée semble avoir mis en sourdine toutes ces accusations en chaîne, préférant certainement se concentrer sur la grande tournée africaine qui conduira le chef de la diplomatie chinoise à effectuer pas moins de six escales. Au rythme infernal où va son marathon des vœux, le président Sarkozy aura-t-il tout le temps de suivre à la trace le périple de Yang Jiechi ? Difficile de le croire. En plus du débat sur l'identité nationale, la volte-face de son gouvernement sur la grippe A, la réticence des grandes écoles à instaurer un quota de 30% de boursiers et le rejet de la taxe carbone par le conseil des sages, il aura tant à faire. Surtout qu'au lendemain du retour de la traditionnelle galette des rois à l'Elysée - sans fève car «on ne saurait désigner un roi au sein de la présidence de la République» - Nicolas va devoir faire face à une nouvelle polémique. A de nouvelles accusations de la part de l'opposition qui voit en lui un «monarque» aux mille dérives. La cause ? Il a décidé de nommer en mars prochain un ami, l'avocat d'affaires Jean-Michel Darrois, au sein même du Conseil constitutionnel qui a été à l'origine du rejet de son projet sur la taxe carbone. Un projet qu'il compte bien faire «adopter» le 1er juillet prochain puisqu'il n'est pas de ceux qui baissent les bras à leurs premiers déboires. Louera-t-il les compétences insoupçonnées de son «désigné sage» pour balayer les critiques de l'ensemble de ses détracteurs ? Ce n'est pas la première fois que le président Sarkozy doit justifier ses choix strictement personnels. Cette fois-ci, il ne manquera pas de souhaiter un bon appétit à tous les bouffons des rois mages.