Le président du Syndicat national des pharmaciens, M. Belameri, a déclaré, en marge de la conférence tenue à l'occasion de la journée pharmaceutique nationale 2010, qu'il est primordial de réviser ce qui a été réalisé comme travaux en 1998. «Aucune nouvelle mesure n'a été prise au profit du pharmacien depuis cette année à ce jour. Et ce, malgré le changement ressenti au niveau du marché du médicament et au niveau de la politique des prix», a-t-il souligné, développant que l'Etat élabore, depuis des années il est vrai, des décrets qui encouragent la production locale dans le but de minimiser la facture d'importation des médicaments. Cependant, pour arriver à cet objectif, il faudrait, selon le président du Snapo, compter sur la réussite de la production locale, comme dans les pays développés où on a fait baisser les caisses sociales. Il faudrait, également, sortir de la dépendance étrangère en matière de produits médicamenteux. Ce qui implique «un changement radical» de cette politique qui impose des décrets sans voir les conséquences. «Il y aura, d'ailleurs, dans les prochaines semaines, des organisations qui œuvreront dans ce sens, à travers lesquelles nous projetons de retrouver l'équilibre économique du médicament», a déclaré notre interlocuteur. Le syndicat insatisfait de la mouture de 2008 Le président du Snapo a continué sur la même lancée, avançant que les pharmaciens d'officine n'ont pas été, de ce fait, satisfaits de la mouture élaborée en octobre 2008, lors du Conseil des ministres concernant la marge bénéficiaire. Le Syndicat des pharmaciens d'officines a jugé cette mouture «illogique» et l'a même refusée, car elle a fixé la même marge bénéficiaire de 17% pour tous les médicaments, qu'il s'agisse d'un générique ou d'une molécule mère. Ce qui est injuste, d'après M. Belameri. De plus, la logique du marché veut que la marge bénéficiaire ne soit pas applicable à toutes les catégories de médicaments, du fait que les médicaments spéciaux, notamment ceux prescrits aux malades chroniques (asthmatiques, cardiaques et diabétiques,…), doivent avoir une marge différente. «Autrement dit, s'il y a lieu de donner une marge minime, on ne pourra l'appliquer sur certains médicaments», a-t-il expliqué. Le président du Snapo a ainsi mis l'accent sur le coût exorbitant du médicament générique. Lors du même Conseil, une liste d'une quinzaine de génériques assez coûteux a été dressée, histoire d'encourager la commercialisation des médicaments substitutifs. «Mais en réalité, ce qui est encouragé c'est la commercialisation du générique et non du médicament localement produit», a souligné le syndicat des pharmaciens d'officines. De plus, la liste en question, selon lui, ne répond pas aux exigences de ce projet qui vise la gratuité des médicaments d'un pourcentage oscillant entre 90 à 95%. Des pharmaciens d'officines témoignent Certains pharmaciens d'officines se sont confiés, en marge de la conférence tenue par le ministre du Travail. La plupart d'entre eux ont abondé dans le même sens, déclarant que les difficultés endurées ne sont pas à ignorer. «Le fait d'être tiraillé entre quatre ministères, à savoir celui de la Santé, du Travail, du Commerce et des Finances, ne facilite pas notre besogne», a témoigné une pharmacienne. «Nous nous trouvons, du jour au lendemain, devant une panoplie de lois que la tutelle ne cesse de modifier sans s'adresser à nous», s'est confié un autre pharmacien, précisant que les pharmaciens ne sont associés à aucun des changements les concernant. Ce manque de communication flagrant ne fait qu'empirer la déstabilisation du marché du médicament, dans le sens où le pharmacien ne sait plus à quel saint se vouer. Pas plus de 15 DA sont fixés par ligne de médicaments substitués par un produit générique, selon une pharmacienne qui a cité, comme autre contrainte, le raccourcissement du délai de paiement des factures conventionnées qui est passé de 30 à 15 jours. Outre cela, un autre confrère est scandalisé que l'Algérie ait été, durant toutes ces années, le seul pays au monde qui n'est pas rémunéré pour la promotion du médicament générique. «On vient tout juste d'adopter cette politique, pour la première fois en Algérie. Il s'agit d'un projet applicable incessamment», s'est-il exprimé.