En prospection en Algérie, les Américains étudient les possibilités de créer un pont direct dans le domaine du commerce sans passer par l'Europe. Les Américains visent un accès direct au marché algérien, au lieu d'utiliser des intermédiaires en Europe, a déclaré le président du conseil d'affaires algéro-américain, Ismael Chikhoune, en marge de la rencontre avec la presse organisée mercredi à Alger de la délégation américaine dirigée par la représentante du département d'Etat au Commerce international à Washington, Mme Nicole Lamb-Hale. Il a relevé qu'«il y a quelques années seulement que les relations algéro-américaines ont débuté. Avant, les Européens et surtout les Français géraient le marché algérien vis-à-vis des Etats-Unis du fait qu'il parlait dans la langue comprise en Algérie et de la parfaite connaissance du marché. Les Français ont su vendre leur position d'intermédiaires». Afin d'atteindre l'objectif d'un pont direct dans le domaine du commerce, les deux parties comptent «finaliser l'accord Open Sky qui devrait bientôt aboutir». Dans ce sens, selon M. Chikhoune, «l'ambassadeur algérien à Washington, Abdellah Baali, s'occupe de cet accord et de certains aspects techniques à revoir». Car «les opérateurs algériens perdaient du business puisque certaines corporations (compagnies) américaines leur demandaient d'aller acheter certains de leurs produits d'Italie ou d'un autre pays européen». Selon, lui, «les grosses compagnies américaines devraient revoir leurs stratégies dans ce sens pour que le commerce se fasse directement entre les deux pays». Néanmoins, «cela ne va pas se concrétiser en six mois ou un an», précise-t-il. Il a signalé que «les relations avec les Etats-Unis se sont développées qu'après 2001. Les premières compagnies sont venues pour prospecter le terrain en Algérie et prendre la température dans le cadre de l'investissement. Les 24 compagnies en visite actuellement à Alger vont transmettre aux autres sociétés américaines le fruit de leur prospection ainsi qu'à leurs présidents (chairmen). Des vice-présidents de compagnie font partie de cette délégation. Pour accélérer le processus de signature de l'accord Open Sky, les Américains ont rencontré plusieurs membres du gouvernement dont le ministre du Commerce El Hachemi Djaâboub, le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement Abdelhamid Temmar, le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci, le ministre des Finances Karim Djoudi, ainsi que le ministre des Travaux publics Amar Ghoul. «L'Algérie n'est pas connue aux Etats-Unis d'Amérique» M. Chikhoune a relevé que «l'Algérie n'est pas connue aux Etats-Unis d'Amérique. L'actuel ambassadeur d'Algérie est très dynamique et la fait connaître en travaillant en étroite collaboration avec le conseil d'affaires», en ajoutant que «le premier travail à réaliser aux Etats-Unis est de faire connaître l'Algérie avant d'évoquer les opportunités d'affaires et d'investissement». Selon notre interlocuteur, l'Algérie est un pays attractif pour les Américains d'autant qu'ils (Américains) sont obligés maintenant d'aller chercher des opportunités. Il n'en demeure pas moins qu'il faudra alléger, selon lui, la bureaucratie qui est un réel handicap et le problème du foncier et enfin le système bancaire qu'il faudra mettre à jour. Le conseil d'affaires algéro-américain travaille en étroite collaboration avec les services de la mission économique auprès de l'ambassade d'Algérie à Washington pour intensifier les relations entre les opérateurs des deux pays. Depuis le 1er janvier 2010, les hommes d'affaires américains obtiennent des visas de deux ans avec entrées multiples et réciproquement pour les hommes d'affaires algériens, signale-t-il. Une cinquantaine de compagnies attendues en mai Dans le prolongement des affaires entre les deux parties, une mission de 50 entreprises américaines sera organisée par le conseil d'affaires algéro-américain. Elle est prévue en mai à Alger, selon la même source, succédant à l'actuelle délégation du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique. Mais avant l'arrivée de cette mission, le mois prochain (mars), une délégation d'hommes d'affaires algériens issue du secteur agroalimentaire se rendra, pour sa part, en Californie pour mener des discutions sur l'industrie du lait afin de développer le segment des vaches laitières en Algérie, comme il a été convenu. A ce jour, il y a une vingtaine d'entreprises algériennes inscrites, a précisé M. Chikhoune. Dans le domaine de l'industrie laitière, une compagnie leader (USTBI) était en Algérie, et ce, dans le cadre d'un projet commun. Pour le président du conseil, «il y a eu des success story» parmi les entreprises qui se sont déplacées la dernière fois, en citant l'exemple d'une entreprise de nettoyage des fours de cimenterie ayant nouer un partenariat avec un opérateur algérien. Aussi, une entreprise de construction mixte vient d'obtenir son agrément. Sans citer leurs noms, il a préféré leur laisser la primauté d'annoncer en public les opérations de partenariat concrétisées. Cela dit, en attendant l'arrivée de leaders, c'est plutôt des PME américaines qui activent sur le marché algérien. Une tendance que veut bouleverser la délégation qui a séjourné depuis mercredi à Alger, où des grandes compagnies spécialisées dans la défense et la sécurité ayant un portefeuille très large veulent offrir leurs services en matière des technologies. A titre indicatif, la compagnie Raytheon Northern Brun est intéressée par le marché des postes de péages au niveau de l'autoroute Est-Ouest. Une présentation a été faite dans ce sens aux représentants du ministère des Travaux publics. C'est aussi le cas pour Boeing et d'autres groupes qui se disent prêts à travailler en Algérie. «Avec les Américains,rien pour rien» La secrétaire adjointe pour le Commerce international, Nicole Y. Lamb-Hale, a tenu à souligner que son pays attend «une série d'accords cadre commerciaux et d'investissements pour aider l'Algérie à adhérer à l'Organisation mondiale de commerce. Il y a quelques années, nous avons adopté une loi sur le commerce extérieur et nous avons travaillé avec l'Algérie pour ses négociations d'adhésion à l'OMC. Un accord cadre sur le commerce et l'investissement aidera l'Algérie dans sa démarche de développement du commerce», a-t-elle ajouté. La représentante du département du commerce a parlé d'un intérêt particulier accordé aux secteurs de la technologie, de traitement de l'eau, ainsi que de la défense. Les échanges commerciaux entre l'Algérie et les Etats-Unis sont appelés à se développer, souhaite-t-elle, sachant qu'actuellement ils sont estimés à 21 milliards de dollars, dont 20 milliards de dollars d'importations américaines de l'Algérie, dominées par les hydrocarbures, et seulement un milliard d'exportations américaines vers notre pays.