Suspendu une première fois, le 12 octobre 2009, à la demande du juge chargé du dossier pour notamment un complément d'information, le procès du thon rouge a été ajourné hier au 24 mars au tribunal de Annaba. Le report a été prononcé en raison de l'absence à la barre des inculpés turcs, principaux acteurs dans ce dossier, alors que toutes les personnes impliquées ont répondu à la convocation du juge hier matin. Une absence qui a irrité le magistrat et amené ce dernier à déclarer solennellement que «le tribunal se prononcera d'une manière définitive, et ce, quoi qu'il advienne, le 24 mars». L'instruction de cette affaire d'atteinte à l'économie nationale a été bouclée après que le magistrat ait entendu le témoignage des parties intervenant à charge et à décharge des prévenus, à savoir les administrations des douanes algériennes, des impôts et du transport. Des investigations qui ont permis au juge chargé du dossier de cerner les responsabilités des uns et des autres. Nos sources indiquent par ailleurs que celui-ci avait opposé entre temps un refus catégorique à la demande de mainlevée sur les bateaux et les équipements de pêche des armateurs algériens et turcs arraisonnés depuis plusieurs mois au niveau des ports de Annaba et de Bou Ismaïl. Cette affaire scandaleuse, dans laquelle sont impliqués 6 ressortissants turcs aux côtés d'un armateur algérien, du secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques et du directeur des pêches maritimes et océaniques du même ministère, avait été éventée en mai 2009. Elle a fait suite à l'interception sur l'Akuadem 2, un navire turc au large de Annaba, de 210 tonnes de thon rouge pêchées pour le compte du bateau thonier algérien El Djazaïr appartenant à Maâmar Sadoune. L'embarcation arraisonnée au large des eaux territoriales algériennes faisait partie d'une flotte constituée de trois bateaux turcs spécialement aménagés pour ce type de pêche, le Certer Ahmet 1 et le Abdi Baba 3. L'Akuadem 2, qui remorquait dans son sillage une cage de 40 m de large et de 50 m de profondeur dans laquelle se trouvaient 210 tonnes de thon rouge vivant, se trouve toujours à quai au port de Annaba alors que son équipage est consigné à bord. Retenant plusieurs délits contre les inculpés, dont la pêche illicite, la violation des lois et réglementations, la complicité au délit de contrebande et le bénéfice d'indus avantages, le parquet de Annaba avait requis, le 8 octobre 2009, des peines de huit ans à l'encontre du secrétaire général du ministère de la Pêche, Boudamous Fethi, de 6 ans contre Allam Mohamed, directeur centrale de la pêche, et de 5 ans pour les deux armateurs algériens. Ce dernier châtiment a été requis également à l'encontre des 6 Turcs. Ces sanctions ont été assorties d'une amende évaluée à 10 fois la valeur des 210 tonnes de thon et la saisie de leurs navires.