L'affichage dimanche de la liste des bénéficiaires des 173 logements sociaux locatifs (LSL) continue de faire peser sur la localité de Gdyel, située à une trentaine de kilomètres à l'est d'Oran, une lourde atmosphère qui risque à tout moment de basculer vers l'irréparable. Hier, les accès au centre-ville à partir de la RN11 étaient filtrés par un important dispositif sécuritaire renforcé pour la circonstance par des éléments des brigades anti-émeute de la gendarmerie qui se tenaient prêts à intervenir pour parer à tout dérapage. La situation est tendue depuis l'affichage dimanche de la liste des bénéficiaires des 173 LSL. La nouvelle de l'affichage s'est répandue telle une traînée de poudre et les nombreux demandeurs venus des quatre coins de la daïra qui ne figuraient pas sur la liste ont assiégé la commune de la localité. Ils ont tenté dans un premier temps d'exprimer leur colère en bloquant la grande artère du centre-ville, avant de se raviser et de constituer un comité chargé de porter leurs doléances aux autorités concernées. Dans leurs griefs, ces derniers reprochent aux responsables de la commune d'avoir fait bénéficier des individus qui n'ouvrent pas droit «qui n'habitent même pas Gdyel», affirment des protestataires. Lundi, un groupe de jeunes mécontents a tenté de bloquer la circulation au niveau de la RN11, un axe routier important qui relie le chef-lieu de wilaya à la zone industrielle d'Arzew et à la wilaya de Mostaganem. Mais l'intervention de certains sages et le dialogue ont ramené à la raison les plus récalcitrants, ceux qui voulaient en découdre avec les éléments des services de sécurité et qui étaient prêts à paralyser l'activité économique de tout le pôle est de la wilaya. Hier, plusieurs protestataires que nous avons contactés ont été unanimes à dénoncer ce qu'ils ont qualifié de hogra et de parti pris. Ils ont exigé l'ouverture d'une enquête judiciaire pour dénoncer les indus bénéficiaires et débusquer les responsables qui ont foulé au pied les lois qui régissent l'attribution des logements sociaux. «Pourquoi agissent-ils de la sorte ? Pourquoi se détournent-ils des citoyens-électeurs qui les ont placés là où ils sont et qui leur ont accordé leur confiance ?», se sont interrogés des demandeurs de logements qui ne figuraient pas sur la liste. Manipulation du mal-vivre des familles Un élu de la localité que nous avons approché se dit étonné par la réaction des exclus. Il n'hésitera pas à parler de manipulation du mal-vivre de certaines familles pour allumer le feu de la contestation. «Aujourd'hui, il s'agit du premier affichage public de la liste qui ouvre la période de dépôt des recours. Ceux qui s'estiment lésés ou qui identifient des bénéficiaires qui n'ouvrent pas droit n'ont qu'à se manifester», dira-t-il, avant de répondre à son téléphone portable. Son correspondant lui a annoncé que la situation a dégénéré à l'entrée de la ville. «Ce sont 33 familles habitant la ferme Si Froul qui sont à l'origine de cette tension. Elles ne veulent pas comprendre qu'il ne s'agit pas là d'une attribution définitive. Elles ne veulent pas entendre raison», fera-t-il remarquer, avant de prendre congé pour rejoindre le lieu des échauffourées qui ont éclaté hier en début d'après-midi. Plusieurs habitants de Gdyel redoutent le scénario du mois d'avril 2008 quand la ville a vécu des journées d'émeutes qui continuent de faire parler d'elles et à raviver des meurtrissures. C'était à l'origine une banale histoire d'affichage de listes de bénéficiaires de logements sociaux qui avait dégénéré avant que ne viennent s'y greffer d'autres problèmes, d'autres contestations qui ont mis à mal la sérénité de ce village qui a bien assumé son extension urbanistique et qui aspire à mieux Par ailleurs à l'autre bout de la ville d'Oran, une opération d'éradication d'un bidonville dans la forêt d'El hassi a donné lieu à des échauffourées entre des jeunes et les forces de sécurité. Ces baraques construites sur un terrain patrimoine de la Conservation forestière devaient faire depuis plusieurs mois l'objet d'une démolition. Hier, les conducteurs de tracteurs qui devaient balayer les frêles bâtisses ont été attaqués par des jeunes qui n'ont reflué qu'après l'intervention des brigades anti-émeute de la police. Et en attendant qu'Oran retrouve son calme, la situation reste propice à tous les dérapages.