Le hic dans cette affaire jugée en appel à la cour d'Alger, c'est le prolixe procureur général qui a tenu la vedette et ses propos balancés debout et décidé à éclairer la composition de la chambre correctionnelle ont fait que les parties en présence étaient vite éclipsées du décor, où une histoire de rixe va pousser le représentant du ministère public à s'exclamer qu'il n'était pas arrivé ce mardi à trouver qui avait agressé et qui surtout a commencé. Souveraine, la présidente avait battu des cils sans aucun commentaire autour de cette mêlée générale que le tribunal avait contournée pour aller vers un verdict débarrassant le plancher. Raoua L., la maman, sort du domicile familial, sa fille tenue par la main.C'était le crépuscule, le voisinage est mal construit, il n'y a que des histoires dans ce quartier de Dar El Beïda (Alger). Le papa de Radia sort et appelle ses enfants. Etant enceinte, Radia n'a pas assisté à la rixe décrite par la jeune victime, «ce n'est que lorsque j'avais déposé plainte pour coups et blessures volontaires que le père de Radia avait demandé à ce qu'elle dépose plainte, alors que je n'ai pas levé la main sur elle. C'était sa façon de me punir d'avoir entamé des poursuites. Les six prévenus debout dont la fille seront tous entendus par Rabia Benamrane, la présidente de la deuxième chambre correctionnelle d'Alger. Et lorsque Benamrane écoute des parties en conflit, elle ne veut que la vérité, elle n'aime pas les déchets, ni les bribes de mot. Elle veut des phrases. Or, dans cette affaire, c'est Mohamed Farek, le procureur général, qui va mettre le «turbo» en déclarant qu'au bout de vingt-six ans d'exercice au parquet il avait eu à requérir dans plus d'un millier d'affaires de rixe. «Dans ce dossier, on ne sait pas qui a agressé qui ? Est-ce la victime qui tambourine le dos de Radia ? Est-ce le papa qui avait ameuté ses enfants pour venger l'honneur ? Beaucoup de questions demeurent en suspens, et le comble pour la justice, il n'y a aucun témoin. Est-ce l'appel à la prière du maghreb qui a fait que les lieux étaient désertés au moment de la rixe ? Mystère !», a balancé le parquetier qui a requis une peine de prison d'un an, assortie de sursis, pour chacun des inculpés de coups et blessures volontaires. Les déclarations contradictoires étaient légion. On n'a pas trouvé une seule déclaration allant dans le sens de la déclaration de Radia qui n'a fait que se défendre en se servant de l'appareil téléphonique. «Etant au huitième mois de grossesse, elle n'avait d'autre issue que de taper, taper sur le front de la pseudo-victime. C'est une histoire de voisins en colère. Ne lui donnons pas une autre dimension surtout ce jeune accouru dès la nouvelle de la sœur agressée et à terre. Heureusement, le père était là aussi pour calmer son fils», avait dit l'avocat qui a demandé la relaxe de Radia qui était en légitime défense. La défense s'était étalée sur la légitime défense, car au milieu, il y a des certificats médicaux de cessation de travail qui montrent les coups et blessures, mais jamais qui en a été l'auteur ou les auteurs. Alors rixe, bagarre, mêlée générale, coups et blessures... peu importe. La chambre pénale sait au moins une chose : si un appel avait été interjeté, c'est que la décision du tribunal y est pour quelque chose. Le reste n'est que bavardage et verbiage.