Barack Obama est plus relaxe, semble-t-il, aujourd'hui pour aborder la question de la relance du processus de paix au Proche-Orient avec Benyamin Netanyahu, en visite actuellement à Washington. Il vient de faire accepter par la Chambre des représentants l'hypothétique réforme de la sécurité sociale. Le défi le plus urgent de son premier mandat à la Maison-Blanche qui a fait reléguer au second plan pratiquement le reste des thèmes de grande préoccupation de son agenda international. Dont (surtout) la paix au Proche-Orient. Or avec le Premier ministre israélien peut-il être question de paix, à l'heure où, plus que jamais, Netanyahu clame haut et fort son refus de geler son plan de colonisation du secteur Est d'El Qods et quand il cède aux pressions de ses alliés, c'est pour mieux revenir, plus tard, sur ses engagements. La troisième ville sainte de l'Islam, ou ce qu'il en reste comme partie non judaïsée, la Cisjordanie, ou ce qui reste de la Palestine historique, ressemblent à un gruyère où prédominent les poches de colonies juives. Certes, il n'y a aucun doute sur les intentions du premier président noir des Etats-Unis de freiner le processus de colonisation de la Cisjordanie mené comme une course contre la montre par Israël, sachant que la communauté internationale paraît plus que jamais décidée à insister sur la création d'un Etat palestinien. Mais à ce rythme, à quoi ressemblerait un tel Etat ? Sur quel territoire va-t-on installer ce futur Etat ? La question du retour aux frontières de 1967, plus personne n'en parle. Netanyahu a réussi à braquer les préoccupations de ses amis, à leur tête les Etats-Unis, et pas seulement dans ce camp, mais également l'Union européenne et le monde arabe, sur le préalable du gel de la colonisation. Le statut d'El Qods n'est plus à l'ordre du jour non plus. Ni le criminel blocus de Ghaza mené conjointement par Netanyahu et Moubarak. La secrétaire d'Etat américaine a, certes, haussé le ton, à la veille de ses entretiens de mardi avec le Premier ministre israélien, sur l'inflexibilité d'Israël, non sans pointé du doigt les «terroristes» palestiniens, responsables, selon elle, de la violence contre la sécurité de l'Etat hébreu. C'est le maximum que pouvait faire Hillary Clinton, connue pour ses sympathies pour Israël que le président Obama a su contenir. Mais le chef de la Maison-Blanche est-il assez puissant pour faire front au lobby juif américain, aussi actif dans le camp démocrate que républicain, qui ne veut pas entendre parler de conditions de reprise du dialogue israélo-palestinien que dans les conditions posées par Israël. Il vient de prouver sa conviction de pouvoir faire passer au plan interne un projet aussi délicat que la loi sur la sécurité sociale. Tout le monde attend qu'il fasse preuve de cette même détermination au plan international. Or, puisque l'actuelle administration israélienne ne s'embarrasse pas de lancer la construction d'un quartier juif à El Qods, à la veille même de la visite de la ville sainte par le vice-président des Etats-Unis, il faut s'interroger sur la marge de manœuvre que le puissant clan pro-israélien aux Etats-Unis laisse au président Obama. L'émissaire du chef de la Maison-Blanche pour le Proche-orient, George Mitchell, en sait un bout pour n'avoir rien obtenu comme concessions des Israéliens après une année de vains aller-retour Washington-Tel-Aviv via Bruxelles où les bonnes intentions des 27 ne sont pas, non plus, discutables. Leurs moyens et leur marge de manœuvre dans le conflit israélo-arabe si. Celui qui connaît le mieux la région pour y avoir séjourné comme ambassadeur européen pendant 7 ans, Miguel Angel Moratinos, a bien des raisons de montrer des signes de nervosité quant au relatif statu quo actuel sur le terrain qui peut à tout moment tourner en tragédie comparable à celle de Ghaza. Lundi à Bruxelles, il a lancé un appel pressant à une reprise sans délais du processus de négociations entre les Israéliens et les Palestiniens. Un processus qui doit, selon son expression, impérativement déboucher sur la création «urgente» d'un Etat palestinien. Au nom des 27, il a averti que si cet objectif n'est pas atteint dans les «prochains mois», c'est toute la région qui entrera «dans une nouvelle ère d'instabilité» et tous les «efforts déployés par l'Union européenne et les Etats-Unis seraient vains». C'est tout ce que peut faire l'Union européenne. Attirer l'attention. Le quartet (Etats-Unis-Russie-UE-ONU) n'a pas fait mieux, la semaine dernière, que d'inviter Netanyahu à interrompre le processus de colonisation de la Cisjordanie. La création d'un Etat palestinien «dans les prochaines mois», comme l'entend Moratinos, est encore un vieux rêve. A moins que Obama…