Sur le plan strict des idées, il est plutôt question de savoir ce que peuvent bien partager Louisa Hanoune et Bouguerra Soltani que ce qui les différencie. Parce que jusque-là, bien malin celui qui a souvenance d'un moment de confrontation de discours ou de projets entre Madame et Monsieur. Même si, théoriquement du moins, ils devraient se situer aux antipodes l'un de l'autre et à ce titre se «livrer bataille», il n'en a jamais été question. Descendante d'un internationalisme révolutionnaire tombé en désuétude, Madame Hanoune en a gardé une fibre populiste qui ne lui permet pas le luxe de se faire des ennemis islamistes envers lesquels elle a toujours nourri le complexe d'infériorité… numérique. Dépositaire autoproclamé d'un islamisme fréquentable, Soltani et son mouvement le lui rendent bien. Non pas qu'il a une sympathie particulière pour une femme leader politique qui incarne quand même une certaine idée de liberté et d'émancipation, mais occupé à combattre les seuls adversaires à lui poser réellement problème, les modernistes, le MSP n'allait pas ouvrir un autre front contre une trotskyste miraculeusement «guérie» des utopies qui font l'essentiel de son idéal. Et le rejoindre de surcroît sur bien des questions de fond. C'est sans doute pour cela que la récente polémique entre les deux à propos du «débat» sur l'abolition de la peine de mort prête d'abord à sourire. D'abord sur la nature des arguments déployée dans cette guéguerre inattendue. Contrainte à guerroyer sur un terrain qui n'aurait jamais dû être le sien, Louisa Hanoune s'en va chercher des références idjtihadistes sur la question, remontant le temps jusqu'à se perdre pour à la fois affirmer sa différence et se tenir à distance respectable de tous ceux qui plaident la surpression de la peine de mort avec les arguments du monde moderne. Cela a bien sûr suffi à soulever l'ire de M. Soltani qui n'a pas l'habitude d'aller chercher très loin sa logistique de combat : la peine de mort serait donc contraire à l'Islam et soutenir le contraire relèverait de l'apostat, ce dont il accable bien évidemment la patronne du Parti des travailleurs. Dans leur échange, les deux leaders ne se sont en plus pas encombrés de règles de courtoisie, puisque M. Soltani a tout bonnement appelé son «adversaire» à la rédemption, alors que de son côté, Madame Hanoune lui a conseillé rudement de «choisir entre la politique et le charlatanisme». Le débat de fond sur la question peut apparemment attendre. Peut-être même qu'il n'en a jamais été question, puisqu'on se doutait un peu que rien de vraiment sérieux ne différenciait les deux. A moins que l'enjeu ne soit ailleurs, ce qui est tout de même une autre histoire. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir