Le Haut conseil islamique a organisé, les 29, 30 et 31 mars, un colloque sur l'Islam et les sciences rationnelles, entre le passé et le présent. Plusieurs personnalités, chercheurs, islamologues et historiens de différents pays ont animé des conférences et des ateliers. Des débats et des questions n'ont pas manqué de donner à cette rencontre une ambiance sobre, parfois fougueuse de l'assistance, ce qui prouve l'intérêt porté à ce genre de sujet qui reste d'actualité et a eu lieu en ce moment où «l'Islam et les musulmans font l'objet de comportement attentatoire dans bon nombre de pays occidentaux», comme l'a déclaré Cheikh Bouamrane, président du Haut conseil islamique (HCI) avant d'ajouter : «C'est aussi une occasion pour faire connaître, à tous ceux qui l'ignorent, que les savants musulmans sont les promoteurs de plusieurs disciplines enseignées actuellement». Quatre thèmes ont été débattus durant les travaux du colloque à savoir, la philosophie, les sciences médicales, les mathématiques et l'astronomie. Les travaux du quatrième atelier ont permis aux chercheurs de se pencher sur trois axes concernant le rôle des savants musulmans dans la prospection de la nature des matières et bien d'autres. Les professeurs et chercheurs, tels que l e Dr Ould Laroussi Tayeb, directeur de l'institut du monde arabe à Paris, du Dr Nidhal Guessoum, enseignant à l'Université américaine aux Emirats arabes unis, du Dr Ahmed Djebbar, enseignant à l'université de Lille, qui, dans leurs interventions ont mis en évidence, le culte du savoir impulsé dès le premier siècle de l'islam. Il faut rectifier les erreurs historiques Selon le Dr Cheikh Bouamrane, président du HCI, cette rencontre n'est qu'une réponse aux interrogations de certains intellectuels en Occident sur la relation entre islam et la raison et l'apport de cette religion divine à la civilisation universelle. C'est aussi une réponse à Gouguen Heim, qui, dans un livre paru en 2008, dénie à l'islam et à la civilisation musulmane, tout rayonnement et acquis et découvertes dans le domaine des sciences. Le président du HCI évoque dans ce contexte le nouveau phénomène «d'islamophobie savante », exacerbée et nourrie par la campagne haineuse menée par les médias occidentaux contre l'islam et les musulmans. Selon le président du HCI «l'islamophobie n'est que la résultante de l'ignorance. Il faut rectifier les erreurs historiques. Il faut argumenter courtoisement et présenter le problème dans la sérénité et le respect et avancer des arguments et éclairer le public dans le monde musulman». Il s'agit de rétablir la vérité sans agressivité», a-t-il souligné en appelant les intellectuels à garder leur sérénité. «C'est ce que nous faisons actuellement», a-t-il affirmé. Il dira également que «les préjugés négatifs qui collent à l'islam sont dus au peu d'intérêt que lui accordent certains chercheurs et scientifiques et même des journalistes en Occident. «Le Saint Coran et la Sunna prônent l'importance de la recherche et de la connaissance dans le domaine des sciences rationnelles et incitent à l'acquisition du savoir et de la science». D'après Sylvain Gouguenheim, Jacques de Venise, un prêtre ermite, aurait vécu au Mont Saint Michel et traduit du grec au latin les œuvres du philosophe Aristote. Le travail de Gouguenheim relève de l'hystérie Aussi, est-il arrivé au constat que l'apport des musulmans dans la transmission de l'héritage grec à l'Europe est nul et que les traductions d'Aristote étaient l'œuvre d'Arabes chrétiens (il cite le nom de Honain Ibn Ishaq). Chose qu'ont contestée plusieurs historiens spécialistes du Moyen-Âge et du monde islamique, dont Philippe Büttgen, Irène Rosier-Catach et Alain de Libera, qui ont publié en 2009 une enquête Les Grecs, les Arabes et nous. « La peur des Arabes et de l'islam est entrée dans la science. On règle à présent ses comptes avec l'islam en se disant sans «dette», ont-ils écrit, dénonçant les erreurs et l'absence de preuves. Tayeb Ould Laroussi, de l'Institut du monde arabe (IMA) de Paris, a rappelé dans une intervention que le travail de Gouguenheim relève de l'hystérie. «L'ouvrage est bâti sur des thèses idéologiques et sur des idées préconçues. Des idées qui n'ont aucun rapport avec la science qui, elle, fait appel à l'esprit », a-t-il estimé. Il a rappelé la publication d'une pétition signée par une soixantaine d'historiens dénonçant «les conclusions non scientifiques » de Sylvain Gouguenheim. Cheikh Bouaâmrane a expliqué que Ibn Rochd (Averroès) a été le véritable traducteur de la philosophie grecque dont celle d'Aristote vers le monde occidental. Evoquant le rôle de l'église au Moyen-Âge, il a relevé que les croisades étaient le commencement des conquêtes coloniales.