C'est un véritable cri de détresse qui a été lancé hier par le Forum des chefs d'entreprises quant à la situation des entrepreneurs algériens. La nouvelle politique mise en œuvre par le gouvernement devra «mettre l'entreprise au centre de la politique nationale» , a recommandé le président du FCE, Réda Hamiani, lors de la rencontre-débat organisée à Alger sous le thème «Quel avenir pour l'entreprise algérienne ?» Devant une assistance composée de chefs d'entreprises, de responsables d'institutions bancaires et économiques, le président du FCE, Réda Hamiani, a appelé les pouvoirs publics à plus de concertation et de dialogue afin de permettre aux entreprises algériennes de contribuer à l'édification d'une économie développée et prospère. La position du forum vis-à-vis de décisions prises par les autorités publiques ne souffre d'aucune ambiguïté. «Nous avions alors, tout en réaffirmant notre soutien entier aux orientations affichées par nos autorités publiques et en partageant l'objectif d'une Algérie insérée harmonieusement dans le système des échanges mondiaux, insisté sur les mesures à prendre pour que la production nationale soit préservée des méfaits d'une concurrence aussi brutale que déloyale des importations et pour que les réformes de l'environnement économique de l'entreprise algérienne soient initiées avec plus de rigueur et plus de détermination…» a tenu à rappeler l'ex-ministre de la PME dans son allocution à l'ouverture des travaux, ajoutant que les derniers évènements ont fini par donner raison au FCE, fervent défenseur des intérêts économiques du pays. Toutefois, M. Hamiani a regretté la perte de temps et cette «instabilité qui résulte de remettre à chaque fois le métier des législations ou réglementations». Pour le FCE, il y a nécessité d'engager un dialogue économique «franc, sérieux et sans concession avec les autorités publiques». S'agissant des dernières décisions prises par le gouvernement d'Ahmed Ouhayia aussi bien dans le cadre de la loi de finances complémentaires 2009 que dans d'autres dispositifs régissant les monde des affaires, le patron des patrons a constaté des incohérences et un acharnement envers les entrepreneurs algériens, producteurs de richesses. La première remarque porte sur la confusion créée entre la politique de croissance et augmentation de la dépense publique. Le PIB se mesure, selon le FCE, par la production réalisée par les unités industrielles, les exploitations agricoles et les entreprises de services marchands. Les dépenses publiques demeurent essentielles, mais elles ne sont pas comptabilisées comme une production économique, a relevé également le président du FCE. La seconde observation du FCE a trait aux mesures de substitution à l'importation. L'explosion des importations est liée à l'augmentation du niveau des dépenses d'équipements de l'Etat, a soutenu le président du forum dans son intervention, appelant dans ce contexte à une véritable politique de relance de l'investissement national et international par des réformes structurelles. Des fausses solutions Les restriction administratives de l'acte est une fausse solution, a estimé le FCE, tout en soulignant que la gestion administrée des importations est une mauvaise réponse à un vrai problème. La troisième recommandation porte sur le retour au dialogue constructif et à l'écoute des chefs d'entreprises qui sont aujourd'hui «déconcertés». Les économistes et chefs d'entreprises qui se sont exprimés hier au sujet de la politique du pays étaient inquiets et pessimistes. Le président d'honneur du FCE, Omar Ramdane, ancien moudjahid à la tête d'entreprises privées, n'a pas caché sont inquiétude. «Je suis inquiet par les perspectives. Il n'y a pas de visibilité sur l'avenir. Franchement, je constate un blocage total. C'est toute la politique menée pendant les deux décennies qui est remise en cause aujourd'hui. On parle de nationalisme. Pour moi, le vrai nationalisme est celui d'aimer son pays et de penser à sa prospérité», a affirmé Omar Ramdane, déplorant le manque de concertation et de compréhension de la part des pouvoirs publics. S'agissant des intérêts économiques du pays, le patron de Moderne Céramique a rappelé que le FCE était à l'avant-garde et à l'origine du retrait de la loi sur la libéralisation des hydrocarbures proposé par l'actuel ministre de l'Energie, Chakib Khelil. L'économiste Abdelmadjid Bouzidi a relevé, de son côté, l'absence de politique d'incitation en Algérie et l'insuffisance de la croissance basée à 98% sur le secteur pétrolier. Des chefs d'entreprises ont donné également leurs points de vue sur les problématiques liées aux facteurs de la croissance et à l'environnement des affaires.