A l'appel de l'intersyndicale de la santé publique, des centaines de praticiens généralistes et spécialistes venus des quatre coins du pays ont observé hier un sit-in dans l'enceinte du CHU Mustapha Pacha. Le but était de réaffirmer leur détermination à continuer la lutte pour arracher leurs droits légitimes et à défendre le système de santé publique «malgré l'arsenal répressif déployé par les pouvoirs publics». Ceci en attendant d'autres actions plus radicales que pourrait entériner la réunion prévue pour demain entre les deux syndicats de la santé que sont le SNPSP et le SNPSSP d'une part et l'Unpef et le Cnapest du secteur de l'éducation, d'autre part. «Nous sommes une nouvelle fois rassemblés ici pour dénoncer le diktat du ministre de la Santé et lui rappeler que nous ne lâcherons pas du lest quant à la défense de nos revendications légitimes», soutient le docteur Yousfi, chef de file du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), qui rappelle que l'intersyndicale a boycotté toutes les réunions avec la tutelle tant qu'aucune proposition concrète n'est réservée à ses doléances. «Le ministre appelle à des négociations alors que nous lui demandons d'appliquer la loi, s'agissant notamment des points relatifs à l'aménagement des horaires de travail ou encore des logements de fonction», dira Yousfi, qui fait remarquer que la négociation doit se faire sur le statut particulier, dont les praticiens demandent l'amendement, ce que la tutelle refuse d'accepter, d'où l'échec des réunions de conciliations au bout de la 3e rencontre. Le président du SNPSP, Lyes Merabet, estime pour sa part que l'intersyndicale qui «est pour un dialogue sincère», n'est pas prête à faire de la figuration. Dénonçant lui aussi les multiples pressions de la tutelle, les ponctions sur salaire allant de 3 à 15 jours, M. Merabet estime que l'intersyndicale maintient toujours l'espoir de voir la démarche entreprise avec la présidence de la République, aboutir, «même si aucune réponse nous est donnée». Il n'écartera pas, dans ce sens, «d'autres rassemblements en dehors de l'hôpital». Le même responsable n'a pas omis de rappeler l'inquiétude des praticiens quant à l'état du secteur, ainsi que le manque flagrant de médicaments, notamment les vaccins pour enfants dans divers établissements. Lancement officiel demain de la confédération des travailleurs L'intersyndicale ne compte cependant pas rester dans cette logique. Les concertations avec les syndicats de l'éducation sont ponctuées, apprend-on, d'une réunion de travail qui se tiendra demain en vue de «tracer ensemble un plan d'action». Une réunion qui constitue, selon Lyes Merabet, le lancement officiel de la nouvelle structure, une sorte de confédération générale des travailleurs algériens, évoquée depuis longtemps qui regroupera dans un premier temps les deux syndicats de la santé et l'Unpef et le Cnapest pour l'éducation, car «se sont les syndicats les plus représentatifs et ils l'ont démontré sur le terrain», affirme Merabet. Notre interlocuteur estime que «si on se réunit, c'est pour construire solidement», affirmant que la confédération n'est pas destinée à contrecarrer l'UGTA mais à défendre les revendications des travailleurs de la Fonction publique et s'imposer en tant que partenaire social. Pour lui, si les syndicats autonomes existent, c'est parce que l'UGTA a failli. La nécessité de cette structure qui restera ouverte à d'autres syndicats est justifiée par ailleurs par l'urgence de défendre les revendications des travailleurs qui sont quasiment identiques. Interrogé sur les actions à prendre dans l'immédiat, le syndicaliste admet que le but est d'arriver à un arrêt de travail collectif. «Nous sommes en train de réfléchir ensemble dans ce sens», confirme-t-il, ajoutant que la démarche de la protesta est maintenue dans les deux secteurs «tant qu'il n'y rien de concret». C'est la réunion de demain qui en appellera d'autres, qui déterminera, selon les responsables de l'intersyndicale, les actions à entreprendre dans le cadre de cette structure.