La polémique autour des documents biométriques n'est pas près de s'estomper. Louisa Hanoune s'est rangée définitivement hier du côté du ministre de l'Intérieur, critiquant et les positions des islamistes et celles des défenseurs des droits de l'homme. Après la levée de boucliers sur les mesures concernant les documents biométriques, considérées par la mouvance islamiste d'atteinte à la religiosité du peuple algérien et par les organisations des droits de l'homme d'atteintes aux libertés individuelles, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a défendu becs et ongles Zerhouni, considérant que les exigences du formulaire ne sont pas attentatoires aux libertés. Elle n'omettra pas de tirer en même temps sur les «takfiristes» qu'elle accuse de vouloir détourner l'attention sur les vraies questions de l'heure. S'exprimant dans une conférence de presse à l'issue du conseil national ordinaire du parti, auquel ont pris part pas moins de 201 cadres, la première responsable du PT, même si elle s'étonne sur les quelques renseignements demandés dans le formulaire de demande des documents biométriques, comme les adresses d'anciens copains, trouve qu'il est facile de les fournir. Battant en brèche les «indignations» des défenseurs des droits de l'homme qui évoquent carrément le «fichage» des Algériens, Mme Hanoune estime qu'il s'agit d'appliquer des règles universelles. Les mesures de l'intérieur ne sont nullement, selon elle, une atteinte aux libertés. «L'atteinte à la vie privée c'est plutôt l'espionnage téléphonique ou encore les exigences des formulaires pour les visas où il est demandé même jusqu'à la race ou l'appartenance politique», explique la conférencière qui affirme encore, s'adressant aux islamistes, que «c'est le takfir qui est au contraire une atteinte à la vie privée». «Les scanners sont toujours là», dit-elle à ceux qui «parlent d'oreilles des femmes», leur rappelant qu'aux aéroports, ils seront complètement nus. «Celui qui est aux abois ne peut pas camoufler avec ça», dit-elle encore non sans qualifier les déclarations de Zerhouni, qui a responsabilisé le citoyen dans ce sens, de plus claires. «Ce n'est pas attentatoire à la liberté», réitère Mme Hanoune, tout en affirmant que le vrai débat réside autour du retour de toutes les libertés et l'ouverture du champ médiatique, entre autres. Ouvrir le champ médiatique Sur ce registre, la conférencière a réitéré son appel à l'ouverture des média lourds, gage de la démocratie. Une manière de donner la parole au peuple via ses représentants, selon elle. Elle rappellera les déclarations du professeur Adimi qui a évoqué le bilan de l'après-terrorisme. Il faut une réforme politique, selon Hanoune, qui trouve les institutions actuelles «moribondes», réitérant sa demande d'élections législatives anticipées. «L'écrasante majorité du peuple veut un changement», soutient-elle, avouant que «ses troupes» sont en état d'alerte en prévision des élections à venir. «Nous ne nous agitons pas à l'approche des échéances électorales», déclare-t-elle cependant, arguant que son parti, qui a toujours été sur le terrain, est un pôle de la représentation politique et sociale. Dans le même volet, Louisa Hanoune a affirmé que l'alliance du PT avec le RND, qui porte sur 9 points, commence à porter ses fruits sur le terrain, citant l'exemple d'un «détournement» avorté d'une piscine communale à Sétif par les élus FLN au profit d'un particulier, «un délit d'initié déjoué», dit-elle. «Il faut des activités communes», justifie-t-elle, car «ça redonne confiance au citoyen. Nous comptons militer pour que les prochaines élections consacrent la souveraineté populaire», ajoute-t-elle. Mme Hanoune a également rappelé ses déclarations à l'ouverture du conseil national jeudi dernier où elle a évoqué l'ambivalence du discours officiel, s'attaquant une nouvelle fois à Temmar et au Forum de chefs d'entreprises (FCE) qu'elle accuse d'intelligence avec l'ennemi, tout comme elle rappellera ses propos sur «des pressions sur l'Algérie de la part de» centres occultes qui distillent des informations infondées, pour ouvrir, à titre d'exemple, les firmes pilotes aux étrangers». la conférencière a enfin dressé un tableau noir lorsqu'elle évoque le front social, dénonçant la répression dont sont victimes les syndicats autonomes, et exige un bilan et un débat sur la réforme des secteurs de la santé et de l'éducation. Elle dénoncera le silence de l'Etat quant aux agressions dont sont victimes les femmes à Hassi Messaoud et évoquera une justice de deux poids, deux mesure dans l'affaire du SG du ministère des Travaux publics, actuellement en prison.