Le comité interprofessionnel de lait a tenu hier une réunion avec les producteurs publics et privés du lait. Cette réunion, tenue à l'hôtel Mouflon d'or, à Alger, a été consacrée à l'examen du rapport de la commission de régulation du marché du lait pasteurisé, installée depuis 2008 par le ministère de l'Agriculture et l'Office interprofessionnel de lait (Onil). Il est attendu de cette séance de travail, qui a duré toute la journée, de trouver une nouvelle méthode de répartition des quotas de poudre de lait sur les producteurs nationaux privés et publics de façon à éviter le déséquilibre, la mauvaise distribution et le favoritisme, longuement dénoncés par les producteurs. «L'objectif principal de cette nouvelle méthode proposée par les membres de cette commission de régulation est de revoir la distribution de la poudre en introduisant les notions de rationalité et d'équité», nous ont affirmé des sources ayant pris part à cette réunion. Cette nouvelle démarche que doivent adopter les responsables de l'Onil vise également à faire appliquer les nouvelles instructions des pouvoirs publics qui prévoient «la réduction de la quantité de poudre de lait importée ces dernières années», a encore ajouté notre source. L'importation de poudre de lait a atteint 145 000 tonnes en 2008 et 122 000 tonnes en 2009. Les membres de la commission de régulation ont fixé une moyenne de 110 000 tonnes de poudre à importer pour l'année en cours. Après avoir débattu de cette nouvelle façon d'organiser la production de lait pasteurisé en Algérie, le comité interprofessionnel de lait, composé de 52 membres et présidé par Mohamed Benchakeur, adoptera cette nouvelle méthode en vue de la faire appliquer au cours des prochains mois. «Il est absolument important de trouver les meilleurs mécanismes d'affectation de la poudre avec équité à tous les producteurs de lait pasteurisé. Il est aussi important de dispatcher cette poudre aux 87 laiteries privées selon les besoins exprimés et les capacités de production de chacune.» Cette réunion a été tenue après une série de problèmes ayant secoué cette filière. Outre l'instabilité et le déséquilibre que connaît l'Onil depuis sa création avec des changements de responsables et de stratégies de travail, les professionnels ont fortement dénoncé les quantités astronomiques de poudre détournées de leur vocation. «La poudre a été détournée pour la vente en l'état sur le marché parallèle alors que les producteurs criaient au déficit. Ils utilisaient la maigre quantité de poudre accordée par l'Onil et fermaient les unités de production une fois qu'elle est épuisée.» L'utilisation de la poudre pour la production des produits dérivés a été également évoquée par les producteurs qui déplorent le manque de contrôle. Tous ces facteurs font que la crise de lait reste d'actualité. L'arrêt des unités de production à l'est et à l'ouest du pays, comme signe de protestation contre l'anarchie constatée dans la gestion de la filière, se poursuit. Cela s'ajoute à la flambée des prix de la poudre de lait dans les marchés internationaux, signe d'une nouvelle perturbation qui n'épargnera aucun pays.