Aujourd'hui ville universitaire parmi les plus importantes du pays avec plus de 45 000 étudiants, Annaba a surtout longtemps été La Mecque de l'enseignement secondaire pour toutes les communes et daïras de la région de l'extrême-est algérien qui en dépendaient administrativement. Les centaines d'étudiants qui ont eu la chance de fréquenter les bancs des campus de Constantine, d'Oran et d'Alger durant la période post-coloniale n'avaient d'autre alternative à cette époque que de s'inscrire dans les 3 établissements du secondaire de cette bonne ville, en effet. Le nombre de lycées est allé en croissant à Annaba au fil des ans, en même temps que chacune des wilayas environnantes bâtissant ses propres infrastructures. Ceci sans que le prestige du lycée St Augustin, du lycée technique et du non moins renommé lycée Moubarak El Mili ne soient affecté. Les choses ont bien changé depuis et ces établissements réputés infaillibles ont perdu du terrain jusqu'à finir par se classer à un rang de plus en plus modeste alors que d'autres arrachaient des taux de réussite exceptionnellement élevés. D'une manière générale, la capitale de l'acier n'a pas brillé par la performance de ses lycées, pour ce qui est des taux de réussite au baccalauréat. Elle aura même été l'une des wilayas qui ont enregistré les plus mauvais résultats en 2006, 2007 et 2008. Avec un sensible «retour» au terme de l'année scolaire 2009 toutefois grâce, explique-t-on, à la mise en application du contrat de performance prôné par la tutelle pour favoriser l'émulation entre les établissements scolaires. Un système d'évaluation dit «à valeur ajoutée», qui a fait ses preuves dans beaucoup de régions du pays depuis sa mise en pratique en 2006, force est de reconnaître, constate ce professeur de mathématiques, que cela ne saurait suffire. «La nouvelle politique ne pourra pas être porteuse si elle n'est pas accompagnée par un encadrement conséquent. Les enseignants chargés de sa concrétisation sur le terrain ne sont pas suffisamment préparés intellectuellement pour relever les défis qui s'imposent. Les lacunes sont à chercher à ce niveau là et non pas chez les élèves qui ne peuvent donner, de leur côté, plus qu'on leur apprend», affirme notre interlocuteur. Certains parents d'élèves avouent ne plus savoir où donner de la tête quand il s'agit de choisir un lycée pour leur enfant. On n'a que le lycée qu'on mérite. Pour les uns, il n'y a pas d'établissement qui soit plus intéressant que le reste, du moins à Annaba. «Un lycée situé dans un quartier dit favorisé n'est pas forcément plus performant qu'un autre qui serait implanté, celui-là, dans une zone éloignée», dira ce père de famille, lequel fonde sa réflexion sur la fluctuation des résultats et en rappelant que le lycée de la cité Oued Kouba a eu, contre toute attente, le meilleur résultat au bac session juin 2009 avec un taux de réussite de 40%. Cet autre abondera dans le même sens en regrettant que «les taux de réussite seuls ne suffisent pas pour classer les lycées et à estimer de la qualité de l'enseignement qui y est dispensé, du simple fait que les résultats varient d'une série à l'autre. Je suis convaincu que les enfants ont leur mot à dire à ce sujet. Les difficultés sociales dans lesquelles les élèves ont grandi font souvent la différence, car les enfants qui auront très vite compris que l'école est leur seule planche de salut s'accrocheront et réussiront, point barre !» Une parente, enseignante de son état, assure quant à elle que «les lycées qui seraient prêts à accueillir les élèves les moins prédisposés à la réussite et qui viendraient en fin de cycle à émerger seront à mon avis les établissements à classer en tête du tableau d'honneur. Le directeur de l'éducation de la wilaya d'Annaba aborde cette question avec plus de recul et reconnaît que beaucoup reste à faire surtout après les profondes mutations qui s'opèrent dans le secteur, avec notamment l'arrivée dans le secondaire des deux cohortes de l'ancien et du nouveau système. Faisant preuve de pragmatisme, Selim Benneder espère que les efforts appréciables consentis par les différents services de l'académie de Annaba seront couronnés de succès à la fin de l'année scolaire 2012/2013 et pas avant. Selon lui, les évaluations de la tutelle qui seront publiées après cette date butoir aideront certainement mieux les parents à trouver les meilleurs lycées pour leurs enfants. Optimiste quand même, il prévoit dans l'avenir immédiat une amélioration du taux de réussite au baccalauréat, meilleur que celui enregistré l'an dernier et une place en milieu du classement national. Rappelons à ce propos que 25% seulement des candidats inscrits à cette épreuve ont décroché le bac en 2009. Annaba aura son lycée d'excellence l'an prochain Ce responsable est satisfait d'une honorable première place au niveau national à l'examen de sixième. Un examen qui lui a valu un diplôme signé par le ministre de l'Education nationale après que la wilaya ait décroché le titre de meilleure wilaya avec un taux exceptionnel de 81,56% de réussite. «Pour les professeurs, les félicitations du ministère sont un encouragement, ceci est valable pour tous mes collaborateurs qui croient en des lendemains meilleurs, pour peu que l'on respecte les termes du contrat de performance et la moindre défaillance soit prise en charge», se réjouira-t-il. Et d'annoncer que Annaba aura l'an prochain un lycée d'excellence, aux côtés de Ghardaïa pour le Sud, Tlemcen pour l'Ouest et Alger pour la région Centre du pays. «D'une capacité d'accueil de 1000 places pédagogiques dont 300 internes, cet établissement situé à proximité du pole universitaire d'El Bouni et dont le taux d'avancement des travaux est de 65%, sera opérationnel dès la rentrée prochaine», affirme le directeur de l'éducation. Il nous apprendra aussi que cet établissement qui a été inscrit initialement dans le cadre du programme de développement de la wilaya et qui bénéficiait d'une enveloppe budgétaire de 24 milliards de centimes a finalement été retenu par le ministère, avec l'aide active du wali d'Annaba, dont il soulignera au passage la précieuse assistance, au titre de lycée de l'élite. Son coût final atteindra 30 milliards de centimes, indiquera encore M. Benneder, qui précise que des dispositions sont prises d'ores cet déjà pour son ouverture. «Les enseignants appelés à y exercer seront choisis par les inspecteurs en fonction de leur état des services. Un statut privilégié pour ce lycée qui offrira aux élèves inscrits, dont il est exigé une note de passage minimum de 17/20, la possibilité d'étudier dans des classes particulièrement aérées (entre 15 et 20 places) en plus de disposer d'un maximum de moyens didactiques, matériels informatiques et électroniques de dernière génération, d'accueil et de transport», dira en conclusion le directeur de l'éducation.