Au pire, on s'attendait à un blocage de la flottille de la Liberté qui devait briser le blocus imposé par l'Etat hébreu dans la bande de Ghaza. Mais c'est un véritable carnage que les Apaches israéliens ont mené en haute mer. Loin de la mise en scène orchestrée par le département de la défense israélien lors du prétendu arraisonnement d'un navire chargé d'armes à destination du Liban, la soldatesque d'Ehud Barak a mené un énième raid barbare. Le caractère humanitaire de la mission des mécènes venus essentiellement de Turquie ? Il compte pour du beurre. Pour le gouvernement Netanyahu, l'objectif de l'expédition de la flottille de la liberté est éminemment politique. Quitte à se mettre à dos l'ensemble de la communauté internationale, dont ses fidèles alliés occidentaux, l'administration de Tel-Aviv n'a pas hésité une seconde à massacrer une vingtaine de personnes pour un unique objectif : compromettre toute reconnaissance officielle du gouvernement de Haniyeh. Certes, ce ne sont pas les soutiens internationaux qui manquent, mais à constater la sauvagerie avec laquelle l'Etat hébreu a opéré, on serait tenté de dire qu'il avantagerait le secret dans les relations qu'entretient le Hamas palestinien avec ses alliés de l'ombre. Ainsi, ce qu'Israël a voulu démontrer par son acte barbare, c'est rappeler à tous qu'il n'est pas question que les islamistes du Hamas palestinien prennent un jour part à n'importe quelle négociation de paix, indirecte ou directe soit-elle. Moins encore si c'est le gouvernement d'Ankara qui cherche à l'imposer par tous les moyens. Ce qui vaut à la Turquie vaut également à la Russie de Medvedev qui, lors de son dernier voyage en Syrie, a rencontré le chef politique du Hamas, Khaled Mechâal. Aussi pour l'Iran qui, après des années de tergiversations, a fini par déclarer son alliance ouverte avec le mouvement armé de feu cheikh Yassine. Après la scène de ménage israélo-américaine qui a suivi la question du gel ou non de la colonisation – Washington ne s'est pas senti concerné par l'affaire du Dubaïgate et l'assassinat d'un cadre du même Hamas – l'Amérique d'Obama va-t-elle faire la morale à son allié à propos de ses méthodes barbares ? Sinon, diplomatiquement parlant, désavouer ses actions disproportionnées ? Les Etats-Unis seraient plus au moins agressifs envers leur allié israélien auquel le Président Obama a fourni des garanties significatives quant au maintien et au renforcement de la capacité stratégique de dissuasion d'Israël. Mais tout laisse croire que le locataire de la White House serait également tenté d'ouvrir le dialogue avec le Hamas palestinien. Ce n'est pas un hasard si le mot «terrorisme» a été banni de la nouvelle doctrine de défense nationale des Etats-Unis. Le Président américain se serait-il rendu à l'évidence que n'importe quel blocus ne pourrait venir à bout d'un Hamas palestinien largement soutenu à l'étranger ? Ou chercherait-il, à travers un éventuel dialogue avec le Hamas, à accroître l'isolement de l'axe Téhéran-Damas ? Secrètes soient-elles, de futures discussions avec la direction politique du Hamas obligeraient Washington à reconnaître le parti islamiste au détriment du Fatah de Mahmoud Abbas, seul interlocuteur valable à ce jour aux yeux de Tel-Aviv. Un échec stratégique pour le gouvernement pirate de Netanyahu qui risque l'implosion au lendemain de l'expulsion de la flottille de la Liberté.