Le regard du président Nicolas Sarkozy vis-à-vis de l'Afrique semble avoir changé depuis son désolant discours de Dakar. Le continent noir ne serait plus le terroir de l'incivilité. A Nice, il ne manquait au chef de file de l'UMP que de promettre une place au soleil aux quarante chefs d'Etat, venus se renseigner sur ce que propose de mieux le vieil empire français par rapport aux grandes puissances mondiales. Ne concevant aucunement une Europe forte et prospère sans la riche Afrique, Nicolas Sarkozy s'est engagé à aider la seconde à se forger une véritable stature internationale. Cesserait-elle d'occuper le strapontin d'observatrice lors des grands sommets durant lesquels les «Nordistes» ont pris le pli de faire la pluie et le beau temps ? Difficile de le croire quand le G8 admet, à ne plus les compter, les douches froides. Quant à l'effacement de la dette des pays les plus pauvres du «nouveau» continent, la machine occidentale continue de caler. Mieux vaut, dans ces cas-là, se retourner vers la Chine populaire pour espérer sortir la tête de l'eau. Mais à s'en tenir à la «vision niçoise» de Nicolas Sarkozy, il n'y aurait que la République française pour faire entrer l'Afrique dans le «jeu» de la gouvernance mondiale. Une représentation qu'aucune autre puissance économique mondiale ne peut prétendre arracher aux instances internationales. Cela ne veut pas dire que l'Afrique doit déjà se mettre à rêver d'un siège au Conseil de sécurité des Nations unies. L'affaire n'est pas si mince, les sièges en question valent tout l'or du monde. En connaissance de cause, le Venezuela, le Brésil, l'Allemagne… savent combien elle est laborieuse cette réforme du Conseil de sécurité. Pour ne serait-ce que remettre les pieds sur les traditionnelles platebandes de la France sur le continent noir, envahies par les Chinois et les Indiens, Nicolas Sarkozy devrait aller bien au-delà des «généralités» et des vagues promesses. Plaider en faveur de l'entrée de l'Afrique au Conseil de sécurité de l'Onu est une initiative louable mais faudrait-il d'abord que l'Allemagne ou les latinos lèvent le drapeau blanc, mettant ainsi fin à la guerre des sièges. Dans le cas échéant, l'Afrique devra attendre son tour qui, sûrement, ne viendra pas demain. Bien loin encore ce rééquilibrage des forces au sein de ce même Conseil que Nicolas Sarkozy veut voir remanier d'ici à la fin de son premier mandat présidentiel qui s'achève en 2012. A défaut de rénovation urgente, les vieux schémas risquent d'être reconduits pour longtemps. Avec, la vision unilatéraliste de l'hyper-puissance américaine qui a contraint l'ensemble des pays, siégeant derrière la tour de verre newyorkaise, à ne pas pondre une déclaration commune condamnant explicitement l'assaut barbare d'Israël contre la flottille de la Liberté. Si elle était représentée, selon les vœux de Nicolas Sarkozy, l'Afrique aurait-elle pu renverser la vapeur au bénéfice du strict respect du droit international ? Pas si sûr. A moins que Français, Chinois et Russes se dépêchent à lui prodiguer les bons exemples à suivre. Comme briser le blocus égypto-israélien contre Ghaza. Sans cela, le discours du «grand frère d'Europe» mourra dans le creux de la vague de l'UPM.