Les imams sont contre le non-respect des valeurs et des symboles de la nation. C'est ce que pensent plusieurs d'entre eux questionnés hier lors d'une visite dans différentes mosquées de la capitale. Depuis que des imams ont refusé de se lever pour entendre l'hymne national lundi dernier à Dar El Imam de Cinq Maisons (est d'Alger), la polémique n'a pas tardé à interpeler plus d'un, particulièrement les responsables du secteur des Affaires religieuses. En effet, jeudi dernier, l'on apprend que des mesures les sanctionnant ont été décidées. Elles les priveront de promotions et ils seront interdits de prêche et ce, jusqu'à nouvel ordre. En effet, le Conseil scientifique d'Alger s'est réuni pour examiner leur cas. Huit imams des localités de Bab El Oued, El Harrach et Bordj El Kiffan sont concernés. Ceci étant, des imams approchés dans différents mosquées de la capitale déplorent le geste de leurs confrères. L'un d'entre eux, prêchant dans une mosquée de Sidi M'hamed, pense que les instructions du département de tutelle sont bien claires. «Aucun imam ne doit être à l'écart des lois de la République», a-t-il affirmé. Sur sa lancée, il a estimé que «le fait de mal interpréter des hadiths peut donner naissance à une situation de discorde». Notre interlocuteur fait allusion au hadith qui stipule que «personne ne doit se lever pour qui ce soit». Toutefois, l'imam interrogé explique que «ceci ne s'applique pas dans des situations telle la levée pour l'hymne national». Il indiquera par ailleurs que «le drapeau et l'hymne nationaux sont des symboles du peuple et du pays. De ce fait, tout le monde est censé les respecter». Pour lui, «il est normal que les imams en question soient sanctionnés. Car laisser passer une telle attitude peut conduire à d'autres dérives que l'Algérie ne voudrait sûrement pas revivre». Un autre imam activant au 1er Mai nous a reçus après la prière du vendredi. Selon lui, «la question n'est pas de savoir si les sanctions sont méritées ou pas. Mais il faudrait rappeler à l'ordre tous ceux qui sortent du lot». Plus explicite, il a indiqué qu'«il y a deux écoles. Celle de l'interprétation et celle du hadith. La première prône la compréhension et fait appel à la logique, tandis que la deuxième ne privilégie que l'application. Nous avons tendance à suivre la première école, ce qui est le cas pour le rite malékite en général. Les fatwas et autres thèses émanant d'un nouveau courant (allusion faite au wahhabisme) ou de courants hétérodoxes sont nuisibles pour les imams. Elles peuvent les diviser. Le croyant de son côté doit, et c'est son droit, bien comprendre les dogmes religieux pour vivre l'Islam dans un bon climat spirituel», a-t-il expliqué.