Face à l'acte impertinent de ces imams, il faut dire que la position d'un ministre de la République prête à équivoque. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs s'est prononcé, hier, devant les journalistes de la presse nationale sur l'affaire des imams ayant refusé de se lever lorsque l'hymne national a été entonné. «Il s'agit plutôt de les mettre devant la communauté des imams et non de les poursuivre devant la justice», a indiqué le ministre réfutant ainsi l'idée de les traduire devant la justice. Aux journalistes qui ont rappelé au ministre que des lycéens, adolescents, ont été privés de passer l'examen du baccalauréat et traduits par le ministère de l'Education nationale devant la justice, M.Ghlamallah a soutenu que «ce n'est pas la même chose! Et puis, les imams n'ont pas brûlé le drapeau et n'avaient pas osé non plus hisser le drapeau français.» Pour le ministre des Affaires religieuses, la comparaison avec le cas des adolescents condamnés par la justice «n'a pas lieu d'être», puisque cet acte collectif a été observé par les caméras de la Télévision nationales dans une institution publique, selon le ministre, «L'acte des imams n'est pas aussi grave que celui commis par des élèves mineurs.» Face à l'acte irrespectueux de ces imams, il faut dire que la position d'un ministre de la République prête à équivoque. C'est le cas de le dire, car l'acte en question s'est passé à Dar El Imam à Alger, une institution dépendant du ministère des Affaires religieuses. Un nombre important d'imams présents à un colloque organisé par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, ont refusé de se lever pour saluer l'emblème national. Tout compte fait, ces imams présentés par certaines sources comme des «salafistes» ou extrémistes, n'ont pas été inquiétés outre mesure. S'ils sont radiés en tant qu'imams, il n'en demeure pas moins qu'ils exerceront toujours en tant que prédicateurs dans des mosquées. Pourtant, le dernier amendement de la Constitution condamne toute atteinte aux symboles de la nation. Ces actes portent également atteinte à l'une des constituantes de l'identité nationale. Certes, il appartient à l'Etat de protéger les symboles de la nation, mais force est de constater que les lois de la République ne sont pas appliquées alors que c'est au nom de ces mêmes lois que l'avenir de quatre lycéens a été sacrifié. Pour mémoire, les faits remontent au mois de janvier de l'année dernière. Des élèves du lycée Okba Ben Nafaâ de Bab El Oued, ont été condamnés par le tribunal de la ville à un an de prison ferme assorti d'une amende de 500.000 DA chacun. Chef d'inculpation? Profanation de l'emblème national. Les faits remontent au 7 décembre 2008, lorsque ces cinq lycéens avaient décroché un cadre suspendu dans l'une des classes de leur établissement. Sous ce tableau se trouvait un drapeau national accolé à un texte de l'hymne national. Ces mineurs avaient ôté l'emblème et dessiné, à l'aide de feutres, les couleurs du drapeau français, avec l'inscription «Vive la France». L'événement avait aussi provoqué les foudres du ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, qui avait déclaré que «ce sont là des comportements intolérables». Ensuite, un certain déchaînement médiatique et judiciaire s'en était suivi, et ce, en dépit des regrets émis par les adolescents. Les parents ont, à maintes reprises, appelé à la conciliation. Mais rien n'y fit. La plainte fut maintenue et la procédure suivit son cours. Cette affaire, qui a défrayé la chronique, n'est pourtant pas une exception. Par ailleurs, ne faudrait-il pas s'inquiéter du projet de la Grande Mosquée d'Alger qui semble avoir été mis aux oubliettes? Hormis l'information relative aux offres présentées par les 26 entreprises étrangères et nationales, suite à l'appel à manifestation d'intérêt lancé précédemment, réitéré encore hier par le ministre, c'est le black-out. «Ce projet dépend du gouvernement et particulièrement du président de la République», s'est contenté de souligner le ministre.