La grève annoncée des dockers du port d'Alger exerçant pour le compte de DPW, entérinée à la faveur de l'assemblée générale des travailleurs tenue mercredi, risque de perturber sérieusement l'activité portuaire. Cette menace qui plane sur le plus important port du pays, déjà affecté par des lenteurs caractérisées au niveau du terminal à conteneurs, a fait réagir le ministère du Commerce, qui a sommé la société qatarie à accélérer la cadence de travail. Le ministère du Commerce, qui a tracé tout un programme pour l'approvisionnement du marché national en prévision du mois de Ramadhan, a adressé, avons-nous appris de sources syndicales au port d'Alger, une correspondance à la direction de l'entreprise qatarie, Dubai Ports World (DPW), qui gère 60% du trafic au port d'Alger, la sommant d'accélérer le rythme de travail. La direction de DPW s'est empressée pour sa part d'annoncer dans ce même registre l'acquisition de 2 grues mobiles portuaires (MHC) à même, selon son communiqué, de «contribuer à l'efficacité du port, l'amélioration de la chaîne d'approvisionnement et les flux de marchandises pour les importateurs et les exportateurs». Mais lorsqu'on sait que des opérations d'importation de grandes quantités de produits de large consommation, de viande notamment, sont inscrites sur l'agenda de Benbada, il est fort à parier que la grève, votée par les employés de DPW, n'arrangera pas les affaires de cette entreprise qatarie, qui gère, faut-il le noter également, une partie du port de Djendjen. «Nous avons déjà concédé beaucoup de temps à la direction de DPW», a tenu à rappeler hier Mohamed Amine Bouziane, syndicaliste joint hier par téléphone, qui rappelle que les négociations avec cette dernière qu'il accuse de faire dans le chantage ont échoué au bout de la 3e rencontre. «Cette interpellation du ministère est en notre faveur dans la mesure où elle constituera une pression supplémentaire qui va la pousser à faire des concessions», estime notre interlocuteur, affirmant que les travailleurs sont décidés à aller jusqu'au bout. «Les travailleurs ne sont pas satisfaits de leurs conditions de travail et ils l'ont exprimé à travers un vote massif pour la grève», dit-il. DPW compte 750 travailleurs (dockers, superviseurs, conducteurs, pointeurs…). Sur les 447 présents à l'AG qui a vu la présence d'un huissier de justice et de la directrice des ressources humaines de DPW, 430 ont opté pour la grève contre 17 bulletins nuls, fait savoir Bouziane. Aussi il affirme que depuis plus d'une semaine, le rythme de travail a baissé de plusieurs crans, une autre manière pour les travailleurs d'afficher leur mécontentement. «Depuis plus d'une semaine, c'est une véritable opération escargot à laquelle s'adonnent les travailleurs. Avant on parvenait à traiter les chargements et déchargements de 65 navires par jour contre à peine 25 actuellement», fait-t-il remarquer, estimant que «ce comportement négatif» résulte des agissements de la direction. Aucune de ses promesses n'a été tenue, selon notre interlocuteur, notamment celles relatives à la grille des salaires. «Nous n'avons reçu ni rappel ni augmentation de salaire comme le stipule la loi, encore moins de bénéfices comme promis», ajoute Amine Bouziane, qui révèle qu'un autre préavis de grève sera adressé à la direction dans les meilleurs délais. «Nous allons incessamment adresser un préavis qui accorde un délai de 8 jours à la direction, comme le stipule la loi», affirme-t-il, avant de déclarer que la grève interviendra au plus tard dans 10 jours.