Après une perturbation qui a duré plusieurs mois, les transformateurs et l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) sont arrivés hier à des solutions partielles et à débloquer une situation qui allait conduire la filière, à l'approche du mois de Ramadhan, vers un véritable désastre. En effet, un accord a été trouvé de façon à permettre le maintien d'une partie de la politique de distribution des quotas de poudre de lait décidée il y a quelques mois en concertation avec les transformateurs mais qui n'est toujours pas entrée en vigueur. «90% des transformateurs auront des quantités suffisantes de poudre de lait pour pouvoir maintenir un bon niveau de production de lait pasteurisé durant le mois de Ramadhan et au-delà. L'Onil s'est engagé à distribuer cette poudre à partir de la semaine prochaine. Ce sont des décisions importantes capables de désamorcer la crise qui s'installa. Quoique le problème va encore persister pour une vingtaine de producteurs», nous affirme un opérateur qui a pris part à la réunion tenue hier avec les responsables de l'Onil à Alger. Les opérateurs de lait se sont plaints, depuis plusieurs semaines, d'une note de l'Onil les invitant à signer de nouvelles conventions de distribution des quotas de lait, dont le contenu ne correspondait pas aux résultats des réunions de concertation tenues, ni à la politique arrêtée élaborée sur la base d'une étude d'experts qui a pris comme facteur le recensement démographique dans le but d'assurer une distribution selon les besoins de la population locale. Les transformateurs se sont interrogés sur ce changement de politique après un travail rigoureux mené durant plusieurs mois. Ces nouvelles propositions émises par l'Onil représentent près de 50% de ce que prévoit cette étude. Une situation qui a mis en colère les transformateurs, lesquels ont menacé d'arrêter l'activité si les choses n'évoluent pas. «On est en train de fonctionner à moins de 40% de nos capacités et des besoins des ménages. Les gens se sont bagarrés hier pour arracher le sachet de lait sur les marchés de plusieurs régions de l'ouest du pays. Avec ces nouvelles propositions, la situation allait s'aggraver et le mois de Ramadhan s'annonce très dur pour les ménages et les transformateurs également», affirme un producteur de lait à Sidi Bel Abbès, affirmant que la collecte du lait cru qu'il assure également est encore insuffisante pour couvrir les besoins exprimés. La cherté de la poudre sur le marché parallèle n'a fait qu'aggraver les choses. «Souvent, nous avions recours au marché parallèle pour nous approvisionner en poudre, mais les prix pratiqués sont deux fois plus chers que ce qui est nous est proposé par l'Onil. Nous n'avons donc aucun autre moyen pour combler ce déficit», a ajouté un autre transformateur de l'est. L'autre souci exprimé par les transformateurs est l'indisponibilité de la poudre de lait. «Nous avons des dates d'approvisionnement. Nous nous rendons à l'Onil pour payer et avoir le bon de retrait de la marchandise. Mais depuis deux mois, on nous demande d'aller à Aïn Defla, Mostaganem ou Annaba pour nous approvisionner, alors que d'habitude, chaque transformateur acquiert sa marchandise dans la région où il travaille. Il nous est arrivé de faire de longs déplacements pour rentrer bredouilles vu que la poudre n'est pas disponible», a encore ajouté un transformateur d'Alger. Cette situation a duré près de huit mois, affirment les transformateurs, en soulignant avoir saisi les autorités locales de la gravité de la situation.