Durant le mois de Ramadan, de sérieux problèmes d'approvisionnement en lait pasteurisé ne sont pas à écarter. Les déclarations rassurantes faites par les responsables de l'Office interprofessionnel du lait (Onil) sur le stockage de quantités suffisantes pour couvrir les besoins des ménages pendant le mois sacré sont remises en cause par les opérateurs du secteur. Beaucoup continuent à se plaindre de l'insuffisance de la quantité de poudre de lait distribuée, des retards accusés dans l'approvisionnement des unités de production et d'autres blocages qui freinent cette filière. Si la réunion tenue il y a environ 15 jours entre les responsables de l'Onil et les transformateurs de lait a débouché sur des solutions prises en concertation pour assurer un approvisionnement régulier du marché durant le mois de Ramadhan, il a été malheureusement constaté que ces décisions ne sont pas appliquées par les services de l'Onil, nous indique-t-on. Les deux parties ont convenu de la distribution de quotas et arrêté un calendrier bien défini fixant la distribution de la poudre pour chaque laiterie au niveau national. «Le jour où je suis parti prendre mon quota de poudre chez l'Onil, j'ai été surpris d'apprendre que je n'avais droit qu'à 50% de la quantité fixée. On m'a informé sur place que je prends une partie cette semaine et que je dois revenir pour bénéficier de la deuxième partie à partir du 10 août», nous a affirmé une propriétaire de laiterie. Elle a ajouté avoir payé le montant global de son quota fixé à 50 tonnes pour la fabrication de 100 000 litres de lait par jour, tel qu'il a été décidé entre l'Onil et les producteurs. «Cela fait un bon moment que nous payons avant même de recevoir nos quotas», a-t-elle souligné avant de poursuivre : «Mais cette fois-ci, nous sommes surpris vu que nous avons entendu que plusieurs mesures ont été prises pour faire face aux besoins du mois de Ramadhan sans aucune difficulté. Ce nouveau mode d'approvisionnement qui n'a pas eu l'approbation des transformateurs nous a étonné.» Les symptômes d'une véritable crise Depuis plusieurs jours, une chaîne de camions appartenant aux transformateurs de lait font la queue devant les unités de stockage de l'Onil pour pouvoir s'approvisionner en poudre de lait. «Ce sont des queues interminables. Les camions forment une longue file et attendent plusieurs jours avant de repartir avec la poudre. Ce sont les symptômes d'une véritable crise. D'un côté, on nous informe qu'il y a suffisamment de poudre. De l'autre, on nous donne la moitié du quota et on nous fait attendre pour s'approvisionner. La poudre est-elle réellement disponible ?», s'est interrogé un autre opérateur. Les déclarations rassurantes des responsables de l'Onil ont poussé certains opérateurs à demander des quantités supplémentaires pour répondre à la demande croissante de lait durant le mois sacré. «En Ramadhan, les ménages consomment trois fois plus de lait qu'en temps normal. C'est pour cela que nous avons demandé une quantité supplémentaire pour produire encore plus. Alors au lieu de 130 tonnes, j'ai demandé à avoir 220 tonnes», nous affirme un professionnel du lait. Cette demande n'a toujours pas eu de suite auprès de l'Onil, selon lui. «La réponse doit intervenir cette semaine car le quota du mois sacré nous sera attribué dans quelques jours. J'espère avoir une réponse positive pour éviter la crise qui s'annonce en ce mois», affirme notre interlocuteur qui signale au passage que les prix pratiqués sur le marché parallèle sont excessifs. «Nous avons pensé à combler cette différence en nous approvisionnant sur le marché parallèle. Mais les prix sont trop élevés ces derniers temps. Cela ne nous permet pas de couvrir nos dépenses avec le prix administré par l'Etat», a-t-il encore souligné. La collecte du lait cru connaît également beaucoup de problèmes. Les transformateurs et les collecteurs n'ont pas reçu leurs subventions depuis plusieurs semaines. L'Onil n'a pas honoré ses engagements en la matière en dépit de l'argent injecté par le Trésor public pour relancer cette filière, précisent-ils. «Les collecteurs refusent de nous donner du lait cru, vue qu'ils n'ont pas été payés depuis plusieurs mois. Ils disent préférer vendre ce lait dans le marché parallèle plutôt qu'attendre l'arrivée de cette subvention maigre et avec tant de retard», nous dira un opérateur. Les transformateurs appellent à une réunion urgente pour examiner la situation et débloquer la situation avant que la crise n'atteigne un seuil incontrôlable.