Après une audience qui s'est prolongée tout l'après-midi et une bonne partie de la soirée de dimanche, la cour de justice de Annaba a décidé du report à une date ultérieure du procès en appel des 18 émeutiers de Sidi Salem. Invoquant le manque de visibilité de certains aspects du dossier qui lui a été présenté, l'instance judiciaire a exigé une instruction complémentaire du dossier portant sur l'atteinte à l'emblème national et la dégradation de biens publics et privés ainsi qu'outrage à corps constitués et trouble de l'ordre public. Les 18 accusés, qui ont été placés sous mandat de dépôt suite aux violentes émeutes de Sidi Salem de juin dernier, avaient été, rappelons-le, condamnés en première instance à des peines allant de 2 à 8 ans de prison ferme assortis d'une amende de 1 million DA chacun. Des sanctions qu'ils estiment injustes, du moins pour certains d'entre eux qui n'ont jamais cessé de clamer leur innocence dans cette affaire dramatique, n'ayant été que de simples témoins des scènes de violence. Eux et leurs familles accusent à leur tour les services de sécurité d'interpellations arbitraires et de conclusions hâtives lors de l'enquête qu'ils ont menée après les manifestations du 19 juin. Un des parents qui s'est confié à la presse a même parlé de preuves fabriquées par les enquêteurs dans le but de tromper la justice. Ce serait d'ailleurs l'une des raisons qui a amené 8 d'entre les accusés emprisonnés à observer une grève de la faim de trois jours à la mi-juillet. Un mouvement de protestation qui a été suivi par l'intervention de la cour de justice d'Annaba et du ministère de la justice qui ont dépêché sur les lieux des responsables pour s'enquérir de la situation des personnes emprisonnées au niveau du centre pénitentiaire de Bouzaâroura et recueillir leurs doléances. En plus d'avoir nié le fait d'avoir piétiné puis brûlé l'emblème national, les mis en cause ont également réfuté dans leur majorité l'accusation selon laquelle ils auraient hissé le drapeau français au cours des manifestations. Pour rappel des faits, il y a lieu d'indiquer que les émeutes ont suivi une manifestation de revendication de logements sociaux provoquée au début par les habitants du bidonville «La SAS» implanté en périphérie de Sidi Salem pour se propager ensuite et pendant trois jours de violence extrême à tout le site côtier.