Les dirigeants israéliens, toutes tendances politiques confondues, ont toujours programmé des négociations avec les Palestiniens de façon à ce qu'elles se terminent en queue de poisson. Cela fait maintenant 17 longues années que les négociations entre les deux parties ont été ouvertes, sous la pression des puissances occidentales trop permissives avec Israël, mais la région du Moyen-Orient se complait dans l'instabilité, parce qu'Israël refuse de reconnaître aux Palestiniens le droit à un Etat viable, digne de ce nom. Si le mouvement Hamas refuse de reconnaître cet Etat d'Israël belliqueux, qui occupe les territoires palestiniens et arabes, dénie aux Palestiniens le droit d'exister sur la terre de leurs ancêtres en s'appuyant sur la force pour maintenir ce statu quo, c'est qu'il a compris les desseins de ses dirigeants. Du reste, aucun esprit lucide de par le monde qui suit le conflit israélo-arabe, depuis sa naissance il y a plus de 60 ans, n'ignore le véritable visage des Israéliens. Ces derniers prouvent chaque jour au monde qu'ils sont rentrés par la force en Palestine, chassant les habitants originels de ce pays, de leurs maisons, confisquant leurs terres, réduisant sans retenue et par des moyens disproportionnés, toute velléité de résistance, et qu'ils n'ont pas l'intention de revenir sur leur résolution criminelle. Quant aux négociations avec les Palestiniens, qu'ils acceptent de temps en temps à rouvrir, elles ne sont que des vues de l'esprit destinées à tromper l'opinion internationale non encore tirée complètement de ses illusions, en voulant faire accroire qu'Israël cherche la paix. Lorsqu'il a pris le pouvoir voilà un peu plus d'une année, l'ultra sioniste Natanyahou a appelé les Palestiniens à relancer les négociations de paix, en prenant bien soin de mettre en avant des conditions impossibles à accepter. Il a alors avancé comme préalable toujours en vigueur de reconnaître Israël, en tant qu'Etat juif ou encore de se ranger à l'idée d'un Etat palestinien sans forces armées, pour préserver cet Etat théocratique de soi-disant menace sur sa sécurité. Aujourd'hui, et alors que les Etats-Unis ont fait un long et laborieux forcing pour amener les deux parties à la table des négociations directes «sans conditions», ne voilà-t-il pas que le Premier ministre israélien remet ça, en mettant en avant son préalable évoqué plus haut. En adoptant cette stratégie fourbe, il veut faire oublier l'autre revendication des Palestiniens relative au gel de la colonisation dans la partie orientale de la ville sainte, El Qods, qu'aucune résolution onusienne ne reconnaît comme territoire israélien et dans les autres territoires palestiniens de Cisjordanie. La voie de la raison Au moment où les dirigeants palestiniens, Mahmoud Abbas en tête, pressés par le quartet et les Etats-Unis à rejoindre la table des négociations, cherchent une voie qui leur offre quelque atout pour négocier en force, le mouvement Hamas qui n'est pas dupe appelle l'Autorité palestinienne à ne pas tomber dans les filets assassins des dirigeants sionistes. C'est là la voie de la raison. Pour le Hamas comme pour tous les esprits lucides dans le monde arabe et musulman, cette énième série de pourparlers n'est qu'une autre perte de temps, utilisés par les Israéliens justement pour… gagner du temps. Ainsi, le chef en exil du mouvement, Khaled Mechaâl, qui sait l'incapacité de l'Autorité palestinienne à dire non aux Américains et Européens, en appelle-t-il au président égyptien et au roi Abdallah de Jordanie invité à la cérémonie donnant le coup d'envoi des négociations le 2 septembre prochain, à ne pas les cautionner. A ses yeux, les négociations en question ne visent qu'à «liquider la cause palestinienne». Mieux encore, pour ce dirigeant palestinien, ces négociations auront des résultats «catastrophiques pour les intérêts et la sécurité de la Jordanie et de l'Egypte». Et comme pour confirmer les inquiétudes légitimes du dirigeant du Hamas, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, assurait qu'Israël «agira tout en préservant ses intérêts essentiels, sur le plan de la sécurité comme sur les autres», émettant le vœu hypocrite que «l'autre partie trouve également en elle-même la force d'avancer dans les pourparlers». Comprendre que l'Autorité palestinienne cesse d'exiger le gel de la colonisation entre autres. Le quartette a appelé à des discussions directes, devant «mener à un accord, négocié entre les parties, qui mette fin à l'occupation qui a commencé en 1967 et aboutisse à la constitution d'un Etat palestinien indépendant, démocratique, viable et vivant côte à côte dans la paix avec Israël et ses autres voisins». Il a exhorté les deux parties à «faire preuve de calme et de retenue et à s'abstenir de tout acte de provocation et de toute rhétorique agressive». Or, le premier ministre israélien vient de rappeler que «le 26 août sera la fin du délai du gel des activités coloniales». Que signifie donc cette sortie, si ce n'est de faire capoter les négociations bien avant leur ouverture ? Pour l'heure, seul l'Iran qui n'est pas dupe contrairement aux dirigeants arabes qui se complaisent dans un silence improductif coutumier pour la cause palestinienne, a réagi à la grossière manœuvre des dirigeants israéliens. «Les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens ne mèneront à rien tant qu'on ne s'attaquera pas aux racines du problème, a affirmé fort justement mardi dernier le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast. «Nous ne pouvons pas aboutir à une solution au problème palestinien alors que les Palestiniens ont été jetés sur les routes et expulsés de leur pays et que des occupants sont venus d'autres pays», a-t-il simplement résumé. Peut-on rouvrir des négociations avec des dirigeants qui font tout le contraire de ce qu'ils disent ? Est-ce des prémisses de paix, ces actes consistant à démolir les maisons des familles palestiniennes, notamment dans la vallée du Jourdain, reconnue comme faisant partie intégrante des territoires palestiniens, pour y installer des troupes militaires ? Du reste, c'est cet expert en double langage, lui-même -Natanyahou- qui a fait savoir à tout le monde qu'Israël «n'accepterait jamais de se retirer de la Vallée du Jourdain sous aucun accord de paix signé avec les Palestiniens». Ainsi, tout compte fait, ce nouveau round de pourparlers, le premier depuis l'accession de Barak Obama, à la maison-Blanche, ne sera qu'un remake de précédents qui sera vite oublié et enterré dans les semaines qui viennent. Le problème palestinien est insoluble tant que les puissances occidentales continuent d'être complaisantes avec Israël, celui-là même qui par ses pratiques défiant le droit international, encourage les groupes terroristes dans le monde à poursuivre leurs activités qui, de l'avis de ces mêmes puissances, portent atteinte à leur sécurité interne. Qui en est responsable en première et dernière instance ?