Le supplice des cancéreux devrait se poursuivre encore longtemps au sein du service de radiothérapie du CHU Ben Badis de Constantine. «Doté initialement de trois appareils, deux d'entre eux sont en panne et le troisième est boiteux», selon les médecins du service, qui avisent qu'à partir du 1er octobre, le service ne pourra plus prendre en charge ses malades. Tous les rendez-vous sont décalés. En effet, après l'arrêt du service de l'hôpital Mustapha d'Alger et celui d'Oran, puisque ses malades sont orientés vers Constantine depuis près d'un mois, le service de radiothérapie de Constantine n'échappera pas à cette règle et les malades devront prendre leur mal en patience. Ils sont plus de 40 000 cas, dont 9000 cancers du sein, qui sont dépistés chaque année en Algérie, selon les dernières statistiques. Quant aux malades qui devront être orientés à partir du centre Mustapha, aucune note n'a été transmise à ce jour aux responsables du CHU de Constantine, selon le directeur le Pr Zermane. Il est à noter que le CAC de Constantine n'a pas la capacité d'accueillir le nombre de plus en plus élevé des cancéreux diagnostiqués au niveau national. «Nous avons énormément de malades sur la liste d'attente et nous ne pouvons pas prendre en charge d'autres malades», affirme le professeur Filali. Effectivement, le service est chargé de la prise en charge de cette pathologie des wilayas limitrophes de l'est et du sud-est, estimées à pas moins de 17. Ceci en plus des 200 malades au quotidien qui défilent pour des soins en radiothérapie et/ou en chimiothérapie. Il est à préciser que le CAC est opérationnel depuis 1989 et fait face à d'énormes difficultés en matière de prise en charge, d'équipement et de personnel. Ayant une capacité initiale de traitement de 300 malades, il s'occupe en réalité de 3000 par mois sans disposer pour autant des moyens humains et matériels nécessaires et suffisants pour gérer ce «surplus». Quant au personnel soignant, il se compose de 15 patriciens, d'une vingtaine de résidents et d'une dizaine de paramédicaux. Sur un autre plan, le service est loin de répondre aux normes d'un service hospitalier en raison de l'absence d'hygiène, des espaces exigus, dégradés et souillés. Par ailleurs, il est à savoir que le centre anticancer de Constantine sera incessamment doté d'un nouvel accélérateur nucléaire. L'hôpital a bénéficié d'une enveloppe de 16 milliards de centimes dans le cadre de la loi de finances de 2008 pour l'acquisition de cet appareil. Le marché confié une première fois à une société française a été annulé, et depuis plus de trois mois, d'autres soumissionnaires se sont présentés, mais étant donné le coût élevé de cet appareil, il devra passer par la commission nationale des marchés avant d'être octroyé, ce qui a prolongé la durée. Mais dans ce cas de figure, il y a vraiment urgence. Enfin, faut-il rappeler que le CHU de Constantine attend impatiemment le centre anticancéreux en construction depuis plus de deux ans. Conçue pour alléger le nombre incessant de patients, l'unité de soins tarde à être livrée et équipée. Le début de l'année 2010 a été donné comme dernier délai de livraison de la structure, mais encore une fois, le retard pénalise les malades.