En Mauritanie comme en Libye, deux pays extrêmes du Maghreb, les habitudes alimentaires au mois de Ramadhan sont contrastées. Le folklore local en Libye est ainsi plus proche des tunisiens, avec les mêmes, ou presque, rituels gastronomiques. Mais, près de la frontière avec l'Egypte, c'est pratiquement les effluves de l'Orient qui bercent les libyens durant le mois sacré de ramadhan. En Mauritanie, par contre, ce sont les traditions propres aux gens des contrées désertiques, chaudes, qui dominent. Dattes, lait et quelques préparations à base de semoule et de miel. F'tour frugal. A Nouadhibou ou Nouakchott, les deux grandes villes du pays, le caractère sacré du mois de jeûne, sa symbolique et sa cosmogonie religieuses l'emportent sur les considérations mercantiles ou gastronomiques qui prédominent dans les pays du «Nord» du Maghreb. La veille, le président Mohamed Ould Abdel Aziz adresse un discours au peuple mauritanien, comme le veut la tradition dans ce pays, 100% musulman. M. Abdel Aziz appelle le peuple mauritanien à resserrer encore les rangs pour être en mesure de faire face aux multiples défis que connaît le pays, notamment la menace terroriste, avant de rappeler que : «La porte du changement auquel nous aspirons est tributaire de la contribution de chacun de nous». L'éradication des mauvaises pratiques contraires aux préceptes de notre sainte religion qui bannit la violence, l'extrémisme et tout ce qui porte atteinte à l'homme sans raison. Un discours dont les grandes lignes sont largement partagées par le peuple mauritanien comme le laisse entendre les commentaires des citoyens. Dès lors, les populations les plus démunies sont allées, très tôt samedi matin, à l'assaut des boutiques de l'Opération Ramadhan où sont vendus des produits de consommation courante subventionnés par les pouvoirs publics pendant les trente ou vingt-neuf jours que durera ce mois. Il faut dire que ce mois occasionne beaucoup de dépenses, parce que les musulmans y vivent le faste et l'abondance, complètement en contradiction avec les objectifs originels du jeûne qui serait la mortification, la soif et la faim volontaires suscitant un élan de solidarité et de compassion à l'égard des pauvres. Cinquième pilier de l'islam, le jeûne du Ramadhan constitue, pour ceux qui en ont la force et la capacité, une obligation, au même titre que les cinq prières quotidiennes, le pèlerinage de la Mecque, la Zakat et la profession de foi. Il fut décrété par le saint Coran, dès l'apparition de l'islam dans la péninsule arabique. Il est mentionné dans la tradition coranique qu'il s'agit d'une obligation connue depuis le temps du prophète (patriarche) Ibrahim (Abraham). Revivre la tradition prophétique Dans les pays du Maghreb arabe, notamment en Mauritanie, l'avènement du Ramadhan constitue une fête. C'est aussi l'occasion pour échanger les vœux et le pardon entre les fidèles. Les actes charitables y sont récompensés par dix fois leur valeur par Allah, selon les préceptes édictés par les hadiths (texte de tradition prophétique), lesquels mentionnent également que ce mois comprend la fameuse «Lailatou Alghadr», ou Nuit du destin où le musulman a les meilleures chances de voir ses vœux exhaucés. Durant ce mois, les musulmans redoublent de pratique d'actes de piété, notamment de prières et de lecture du saint coran. C'est aussi l'occasion de vulgariser le savoir coranique et la sunna (tradition du prophète Mohamed). Des veillées de prières et de lecture s'organisent, en permanence, dans les mosquées qui ne désemplissent plus de fidèles. Il faudra souhaiter, comme l'ont déclaré plusieurs imams de mosquées à la prière des tarawih depuis le règne du deuxième calife du prophète Mohamed, (Omar Ibn Alkhattab), que ce mois puisse susciter chez la jeunesse emportée par les idées extrémistes, un élan de repentir, de pardon et de tolérance.