Mahmoud Abbas persiste à considérer le dialogue direct avec Israël comme la voie prioritaire pour aboutir à un Etat palestinien, même si elle semble cahoteuse et ne conduire qu'à une impasse. Les chemins alternatifs qu'il a évoqués la semaine dernière devant la Ligue arabe, comme le recours au Conseil de sécurité de l'Onu pour qu'il proclame unilatéralement un Etat palestinien en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, se heurtent à la réalité du terrain. La violence n'est pas non plus une solution de secours pour le président de l'Autorité palestinienne. Le président palestinien, qui avait été l'un des artisans des accords d'autonomie conclus avec Israël en 1993 à Oslo, se défie de la «résistance armée» prônée par le Hamas, le rival du Fatah de Abbas qui lui a confisqué le pouvoir dans la bande de Ghaza en juin 2007. Mahmoud Abbas a suspendu le dialogue direct mené depuis septembre sous l'égide des Etats-Unis avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, parce que celui-ci a refusé de proroger un moratoire de dix mois sur la construction de nouvelles colonies juives en Cisjordanie. Avec l'appui de la Ligue arabe réunie ce week-end en Libye, il a donné un mois à Washington pour tenter de convaincre Israël de rétablir ce gel, initialement concédé par Benjamin Netanyahu, contre l'avis de ses alliés d'extrême droite, pour favoriser la relance de pourparlers directs. Saëb Erekat, chef de l'équipe des négociateurs palestiniens, a confirmé que le gel de la colonisation et la poursuite des négociations directes restaient la voie privilégiée par le successeur du défunt Yasser Arafat à la tête du Fatah, de l'OLP et de l'Autorité palestinienne. L'idée d'une reconnaissance d'un Etat palestinien par le Conseil de sécurité de l'Onu sans l'accord d'Israël avait déjà été évoquée il y a près d'un an, sans succès, Israël ayant prévenu qu'il ne saurait y avoir de paix sans négociations bilatérales. Les Etats-Unis, qui disposent d'un droit de veto au Conseil de sécurité, avaient alors appuyé Israël en rappelant que la négociation restait la meilleure voie vers un Etat palestinien. Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, lundi à Ariha, la France, qui jouit aussi du droit de veto, a écarté toute action du conseil nuisible aux perspectives de paix. Bien que cette piste paraisse donc exclue, Mahmoud Abbas a déclaré qu'il étudierait durant le mois qui vient la possibilité de la suivre, tout en disant compter sur Washington pour arracher à Israël une concession qui permettrait la reprise d'un dialogue direct. Devant les ministres des Affaires étrangères arabes réunis à Syrte, en Libye, Mahmoud Abbas n'a pas exclu de dissoudre l'Autorité palestinienne, ce qui enterrerait définitivement le processus d'Oslo et contraindrait Israël à assumer pleinement ses responsabilités de puissance occupante.