Inflammation chronique du tube digestif, cette maladie gagne du terrain, mais reste pour l'essentiel encore mal comprise. Apparue voici quelques décennies, elle investit un pays après l'autre, mais on en parle toujours aussi peu. Cette maladie inflammatoire chronique peut affecter n'importe quelle partie du tube digestif, de la bouche à l'anus. Avec la rectocolite hémorragique, un peu moins fréquente et limitée à l'intestin terminal, elle forme ce qu'on appelle les Mici, les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin. Décrite pour la première fois en 1932 par l'Américain Burrill Crohn, c'est une maladie surprenante, surgie de nulle part au début du XXe siècle, peu après la rectocolite hémorragique, elle aussi inconnue jusqu'alors. D'abord identifiée en Scandinavie et aux Etats-Unis, la maladie de Crohn se répand après la Seconde Guerre mondiale dans toute l'Europe de l'Ouest, et touche aujourd'hui l'Europe de l'Est, l'Afrique, l'Amérique du Sud et l'Asie. Elle frappe surtout les adultes jeunes entre 20 et 35 ans, mais peut survenir pratiquement à tout âge. Et dans 10 à 15% des cas se déclare chez l'enfant ou l'adolescent, une précocité facteur de gravité. Chronique, elle évolue par poussées entrecoupées de phases de rémission. Chaque poussée accroît les dommages causés à l'intestin, qui perd sa souplesse, ses capacités fonctionnelles, jusqu'à rendre parfois nécessaire l'intervention chirurgicale. Mais l'aggravation n'est pas inéluctable et 40% des cas restent assez bénins. Les symptômes de la maladie sont assez hétérogènes : elle peut se manifester par des douleurs abdominales, des diarrhées, une altération de l'état général, une fatigue, une perte de poids… accompagnées parfois de signes d'inflammation de la peau, des yeux ou des articulations. Dans 10 à 20% des cas, l'apparition d'abcès ou de fistules (1) dans la région péri anale inaugure la maladie. Chez l'enfant, un retard de croissance est très évocateur.» Le diagnostic est confirmé par endoscopie biopsie, les lésions précisées par scanner ou IRM. Lorsqu'une personne est atteinte, le risque est multiplié par 10 à 40 pour ses frères et sœurs. La maladie est donc assez fortement génétique, mais ce sur risque reste modeste car l'incidence de la maladie n'est que de 1 pour 1000. La génétique ne «pèse» au mieux que de 10 à 20% dans cette maladie où l'interaction des gènes et de l'environnement semble déterminante. Bien sûr, on pense à l'alimentation comme évolution majeure des dernières décennies, mais aucun lien n'a pu être établi. Le seul facteur favorisant certain de la maladie de Crohn reste le tabac. Le traitement vise à réduire cette inflammation exacerbée. En traitement d'attaque, les corticoïdes donnent de bons résultats, mais ne doivent pas être prescrits plus d'un mois ni en traitement d'entretien. Les autres cibles biologiques explorées ces dernières années n'ont pas encore tenu leurs promesses, mais la chasse reste grande ouverte.