Le mouton, la bête du sacrifice, sacrifie les poches. Son prix dépasse tout entendement. Les maquignons et les vendeurs fournissent diverses explications, entre autres la cherté de l'aliment. Le citoyen est mécontent. Pourtant, il finit toujours par en acheter. On avance que le taux des acheteurs du mouton pour fêter l'Aïd El Adha dépasse les 90%. Et ceci est confirmé, au vu de l'affluence des citoyens au niveau des points de vente. Ces derniers sont pour la plupart informels. Sur la route menant vers Kheraïcia, en venant de Ouled Fayet, quelques vendeurs ont loué des garages. Ils les occupent le temps d'un mois pour vendre des moutons ramenés de différentes régions. Ils proviennent des hameaux de Djelfa, El Idrissia, Tiaret, Aïn Defla ou Médéa. Rares sont ceux qui proposent à la vente la meilleure race au monde, celle de Ouled Djellal. Les prix se situent au-delà de 20 000 DA. Et pas la peine de chercher en dessous de ce tarif. Le plus petit agneau arrive à peine à dépasser les 50 cm au garrot et son poids atteint les 50 kg. Le plus cher des béliers présentés aux potentiels acheteurs ressemble à un mini-taureau. Dans un minuscule hangar, une impressionnante bête aux cornes gigantesques est cessible à 45 000 DA. A quelques semaines de l'Aïd El Adha, la situation est la même partout. Si les maquignons venant des wilayas connues pour leur culture agropastorale sont obligés de louer des espaces, des vendeurs d'occasion ont investi le marché avant la furie. De jeunes gens font le voyage jusqu'à Djelfa et Médéa dans l'objectif d'acheter une cinquantaine de moutons. Après avoir fixé un prix avec un propriétaire de camion, ils transportent les bêtes jusqu'à Alger. La marge bénéficiaire lors de la vente est conséquente. Ceci grâce aux citoyens qui achètent sans se poser de question. Notons que dans la plupart des cas, les membres d'une famille cotisent pour l'achat du mouton. C'est le cas de Amine, qui affirme que lui et ses frères, «en prélevant sur nos trois salaires, nous achetons aisément le mouton choisi par la maîtresse de maison», explique-t-il. Après l'interdiction faite aux maquignons de vendre les moutons au bord des routes, c'est à l'intérieur des quartiers que des citadins au chômage ont pris la relève. En sillonnant les districts de la capitale, on s'aperçoit que les moutons sont vendus sans aucun respect d'hygiène. Les bêtes sont parquées dans des espaces réduits. Les lieux où ils sont proposés à la vente sont loin de répondre aux conditions minimales d'hygiène. Les garages de Climat de France en sont la parfaite illustration. On graisse bien le bétail Plus l'Aïd approche, plus les astuces pour fructifier les bénéfices sont utilisées. Du pain, du pain et du pain ajouté au sucre. Tel est le quotidien gastronomique des pauvres moutons. Pour impressionner les clients, les vendeurs sont sans scrupule. Fort heureusement, une poignée seulement s'adonne à cette pratique pour faire «gonfler» les moutons. Un citoyen sans connaissance en la matière est facilement berné par un mouton cédé à 30 000 DA, mais au premier coup d'œil, on lui aurait donné une estimation de 45 000 DA. Vol sans arrêt A chaque approche de l'Aïd El Adha, le vol de moutons refait surface. Que ce soit aux environs de M'sila, Médéa, Sétif, Mostaganem ou Aïn Defla, des groupes d'individus agressent bergers et transporteurs. Ils dilapident parfois de modestes maquignons d'une partie de leur capital. Les services de l'ordre ont arrêté çà et là des bandes. Mais combien sont-ils ces bergers agressés chaque jour sans pouvoir se défendre. Soulignons dans ce sillage que la confiscation des fusils a été un coup dur pour les éleveurs. Certains d'entre eux originaire de Ouled Djellal affirment que lorsqu'ils étaient munis d'armes, personne n'osait s'approcher. Raison pour laquelle la majorité des éleveurs de Ouled Djellal, à l'origine des nomades, ont investi dans l'immobilier à Sidi Khaled, Tolga et Biskra. Ils n'acceptent plus d'être la cible de ces bandes de voleurs.