Accueilli comme une star par le public algérien présent à ce 15e Salon international du livre d'Alger (Sila), la salle de conférence qui s'est avérée inadéquate en espace et en confort pour ce genre d'activité, n'arrivait pas à contenir un public nombreux constitué de beaucoup de femmes, mais aussi d'hommes venus assister à la conférence de l'écrivain journaliste français Patrick Poivre d'Arvor. Un mot de vous mon amour : anthologie de mes lettres est le titre de l'ouvrage qu'il présenta. Il s'agit d'un recueil de lettres d'amour différentes de celles d'aujourd'hui qui sont envoyées par SMS (messages par téléphone portable) ou sur les réseaux sociaux via internet. Il a fait référence aux lettres d'amour qu'envoyait l'écrivain Victor Hugo à Juliette Drouet et à plusieurs de ses maîtresses. «En tout, Victor Hugo avait envoyé 20 000 lettres d'amour.» «C'est un plaisir et un délice de découvrir que le grand écrivain Victor Hugo se faisait appeler "Toto" par une de ses maîtresses et de découvrir ainsi le côté juvénile de ces correspondances.» A propos de la littérature algérienne, il dira qu'«elle est passionnante» Il a également parlé des correspondances entretenues entre les soldats, qui étaient au front, avec leurs bien-aimées durant, notamment, la Première Guerre mondiale (1914-1918), estimant que ces missives «sont agréables à découvrir, à lire et à relire». Pour ce qui est de la littérature arabe et orientale, il considère Les mille et une nuits comme une œuvre «magnifique et sensuelle pleine d'amour». A propos de la littérature algérienne, il dira qu'«elle est passionnante» et a ajouté qu'il avait rencontré et interviewé des écrivains algériens, tels que Kateb Yacine, Mohammed Dib, Rachid Mimouni et Rachid Boudjedra. Il a aussi déclaré qu'il était «admirateur» du regretté chanteur Matoub Lounès qu'il avait reçu sur le plateau de TF1 à l'époque où il présentait le journal télévisé. Poivre d'Arvor a, en outre, qualifié la presse algérienne de «variée» et bénéficie «d'une liberté de ton». Concernant les médias lourds, il dira que la prolifération de chaînes satellitaires d'information arabes et leur place dans le paysage médiatique français : «En France, ces chaînes sont relativement peu écoutées, ce n'est pas le cas dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, où ces chaînes ont une bonne assise.» Répondant à une question sur ce sujet, il fera savoir que «l'ensemble des médias appartiennent à des groupes d'industriels et c'est de cette manière que ces médias ont toujours fonctionné». Et que «les plus grosses fortunes ont intérêt à ce que leurs chaînes soient regardées par le maximum de téléspectateurs. Mais dans ce créneau, il ne faut pas oublier qu'il y a une âme. Celle du métier, et ce sont les journalistes qui détiennent cette dernière». A propos de l'ouverture du champ audiovisuel en Algérie, il dira : «Je préfère ne pas mêler.» Mais avec subtilité, il ajoute : «Mais, je pense qu'il est toujours utile qu'il y ait de la concurrence !» La deuxième guerre du Golfe était une «bêtise» A une question sur la politique de l'Etat français vis-à-vis des étrangers qui résident en France, le conférencier a d'abord rappelé que son pays avait de tout temps des aspects de terre d'accueil incontestables. C'est aussi la terre des droits de l'homme qui n'est pas un vain mot en France mais, explique-t-il, «ces derniers temps, il y a une crise économique qui vient tout chambouler, alors on cherche un bouc émissaire et c'est l'étranger. Il est là sans être là. Il vit en France sans les droits d'un citoyen français». Concernant la couverture médiatique qu'il avait assurée lors des deux guerres du Golfe, il a indiqué que la deuxième guerre était une «bêtise». «C'était une immense erreur politique des Américains dans la mesure où il n'y a aucune preuve de la présence d'armes de destruction massive en Irak.» Et que ce pays n'était pas impliqué dans les attentats du 11 septembre 2001. Patrick Poivre d'Arvor a publié une soixantaine d'ouvrages. Il a présenté durant une trentaine d'années le journal télévisé. Il a été marqué durant sa jeunesse par le livre Le petit prince, de Saint-Exupéry, et Le vieil homme et la mer, d'Ernest Hemingway. Il a informé le public qu'il était en train de finaliser un ouvrage sur Hemingway.