La tension monte au FLN. Les redresseurs désormais constitués en mouvement répondent du tac au tac à la direction du parti qui a maintenu sa menace de traduire devant le conseil de discipline qui devait siéger hier deux membres du néo-mouvement «et non les autres», à savoir Mohamed Seghir Kara, l'actuel coordinateur du mouvement et le ministre de la formation professionnelle, El Hadi Khaldi. Ils acceptent de se présenter devant «ce soi-disant conseil-, dixit Kara, et exigent rien moins que la présence du secrétaire général du parti Abdelaziz Belkhadem et de Si Afif, membre du bureau politique mais aussi de la presse nationale «qui saura faire la part des choses», juge encore Kara dans une déclaration au Temps d'Algérie. Affirmant avoir eu connaissance de la tenue du conseil via la presse et n'avoir reçu aucune convocation, Mohamed Seghir Kara s'indigne des «dérives» de la direction du parti qui a «osé» traduire deux membres du mouvement de redressement devant le conseil de discipline. La réaction ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué signé par le coordinateur du mouvement, la direction du FLN, particulièrement Belkhadem et Si Afif, sont accusés d'avoir violé les statuts du parti pour avoir rendu publics par le biais de leurs déclarations des fonctionnements qui devaient rester secrets, notamment la convocation des militants devant le conseil de discipline. «Nous avons appris par le biais de la presse qui a rapporté les déclarations du membre du bureau politique Si Affif que Mohamed Seghir Kara et El Hadi Khaldi devraient comparaître devant le conseil de discipline et non les autres sous prétexte que leurs déclarations nuisent au parti. Ce genre de déclarations soulève plusieurs problématiques d'ordre organisationnel, moral et politique», note d'emblée le communiqué qui rappelle que le SG, Abdelaziz Belkhadem, avait rendu également publique la décision de les traduire devant le même Conseil». Rappelant que des questions d'ordre disciplinaire sont du seul ressort du conseil de discipline, les rédacteurs du communiqué affirment que le bureau politique a de ce fait «violé les statuts du parti». «Ce genre de comportement n'expose-t-il pas ses auteurs aux mesures disciplinaires», s'interrogent les mêmes rédacteurs qui affirment que «ce comportement n'est qu'un échantillon des pratiques et dépassements multiples et quotidiennes à l'encontre des militants, du statut et des structures du parti de la part de Belkhadem et de ses sbires». C'est pour toutes ces raisons, écrivent encore les redresseurs «que nombre de militants et de cadres du parti activent désormais pour mettre à nu ces pratiques et y faire face». Les militants du mouvement de redressement et de l'authenticité connaissent désormais, selon le communiqué, «les visées des auteurs de ces décisions discriminatoires, basées sur le principe de diviser pour régner et ne cessent d'exprimer leur soutien au deux frères Khaldi et Kara affichant leur souhait de partager avec eux l'honneur de se présenter devant le conseil de discipline pour avoir refusé ces dérives». La condition est désormais claire : que le secrétaire général soit présent ainsi que Si Afif, coupables aux yeux des redresseurs de toutes les dérives et en présence de la presse. Si Afif est considéré par Khaldi comme le véritable secrétaire général du parti. Les redresseurs veulent désormais la tête des «deux instigateurs de toutes les dérives». «Nous n'abdiquerons pas», nous déclarait hier au téléphone Mohamed Seghir Kara qui n'a cessé de rappeler que la base soutient «le vrai FLN». «Les réponses de la base nous suffisent et nous réconfortent», dit-il lorsque nous l'avons interrogé sur d'éventuelles actions pour mettre fin à ce qu'ils qualifient de dérive. Le chargé de la communication s'est refusé hier à tout commentaire, affirmant qu'il ne faut pas interférer dans le travail de la commission dont il refuse de donner la date de tenue de la réunion. «La procédure doit être suivie à la lettre sous peine de nullité», dit-il. Dans le même temps, d'autres lettres de soutien parviennent à notre rédaction. «Il y en aura d'autres, il y a déjà des centaines», affirme Kara. La crise va en s'amplifiant et l'on ne se gêne désormais plus pour laver le linge sale en public au FLN. Rendez-vous alors au conseil de discipline ? Le feuilleton continue.