La conférence mondiale contre la guerre et l'exploitation, qui se tient à Alger depuis samedi, a été caractérisée par l'intervention de plusieurs syndicalistes algériens et étrangers. On notera aussi l'intervention «musclée» du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. Le premier responsable de l'UGTA a brossé un tableau peu reluisant de la situation des libertés syndicales dans le monde à cause de la mondialisation qui avance à grands pas dans les pays dits en voie de développement. Sidi Saïd a déclaré qu'il existe «une certaine hypocrisie» entre les différents syndicats du monde. «Sinon, comment expliquer la création d'un G20 syndical composé uniquement des syndicats nationaux des pays membres du G20 économique ?», s'est interrogé le patron de l'UGTA, qui estime que «la question doit être traitée à l'intérieur de chaque syndicat. Il faut que chaque syndicat balaye devant sa porte pour consolider l'union des syndicats du monde». A ce sujet, Sidi Saïd n'a pas été tendre envers les multinationales qui activent dans notre pays : «Nous allons réagir face à ces multinationales qui bafouent les droits les plus élémentaires du travailleurs algérien», a-t-il déclaré, ajoutant, après l'interpellation d'une syndicaliste d'une multinationale qui exerce à Hassi Messaoud sur le cas de Meriem Mehdi et tants d'autres, que l'UGTA prépare actuellement une rencontre pour décembre pour discuter des droits des travailleurs et des travailleuses. «Une chose est sûre, a affirmé Sidi Saïd, nous allons frapper fort contre les pratiques de ces multinationales.» En marge de la conférence, Abdelmadjid Sidi Saïd a apporté, à demi mot, des explications au Temps d'Algérie sur le nouveau code du travail et d'autres sujets chauds concernant les travailleurs. Il avouera d'emblée que «le code du travail est un dossier très lourd». Pour le moment, explique-t-il, «les choses avancent dans de bonnes conditions ; nous avons décidé de ne pas parler et de ne rien divulguer avant la finalisation du dossier qui sera probablement prêt pour la fin de l'année en cours». Concernant les conventions de branches inscrites dans le cadre de la dernière tripartite, le secrétaire général de l'UGTA s'est dit satisfait : «Le dossier des conventions collectives, notamment pour la presse algérienne, dépend de nous. Nous sommes à pied d'œuvre dans ce sens, et un bon nombre d'éditeurs nous ont donné leur accord pour finaliser le dossier et permettre ainsi aux journalistes algériens d'exercer leur métier dans des conditions socioprofessionnelles favorables, notamment le statut du journaliste et la mutualité.» A propos de la tripartite, Sidi Saïd s'est limité à dire que les trois parties concernées n'ont pas fixé de date précise, «mais les préparatifs vont bon train». «J'ai peur pour le mouvement syndical» Sur un autre volet, Abdelmadjid Sidi Saïd a relevé un point qui a eu l'approbation des participants locaux et étrangers : il s'agit de la substitution de certaines ONG financées par des gouvernements occidentaux aux syndicats des pays en voie de développement. «Nous devons tous réagir, car l'activité syndicale n'a pas de frontières», dit-il. De son côté, Farah Lotfi, responsable de la section UGTA du complexe d'El Hadjar, a présenté un rapport accablant sur la situation des travailleurs de ce complexe racheté par la multinationale ArcelorMittal en 2001. «Notre syndicat est le plus important en Algérie et en Afrique, mais nous peinons à nous organiser vu les contraintes et les oppressions exercées par la multinationale sur les ouvriers», a déclaré le syndicaliste. Et d'ajouter : «Depuis octobre 2001, les ouvriers d'El Hadjar n'ont pas connu de paix dans leur travail. Les ouvriers sont victimes de répression, ils sont interdits de réunion et du droit de se syndiquer, voici le résultat des multinationales.» Dans le même ordre d'idées, Farah Lotfi a estimé que «le groupe Arcelormitttal ne reconnaît pas la tripartite et ses résolutions, et quand nous nous sommes soulevés, le groupe s'est dépêché de recourir à la justice pour nous casser». S'agissant des conditions de travail au sein du complexe, l'intervenant a souligné qu'en 2001, le nombre d'ouvriers s'élevait à 12 000. «Neuf ans après la privatisation du complexe, nous sommes passés à 7500 ouvriers, car les licenciements sont monnaie courante au sein du groupe international. La somme de 175 millions de dollars dégagés pour l'amélioration des conditions socioprofessionnelles n'a pas été dépensée, la déliquescence a atteint même le manque d'outils de travail», explique le syndicaliste. Enfin, Farah Lotfi, qui a été mandaté par l'ensemble des travailleurs du complexe El Hadjar, a, dans une demande officielle au gouvernement algérien, affirmé : «Nous demandons au gouvernement algérien de renationaliser le complexe El Hadjar car en neuf ans, le seul gagnant reste le groupe ArcelorMittal.»