Jeudi, 19h20, Basse Casbah. Des cris de quelques jeunes suivis d'une colonne de fumée épaisse montent du côté de la mosquée Ketchaoua. Les jeunes mettent le feu à la grosse décharge qui se constitue chaque fin d'après-midi au pied de la rue Ahmed Bouzrina. Deux autres feux, de moindre importance, sont allumés dans cette même artère tandis qu'un autre le sera à la rue Amar El Qama. A chaque fois, ce sont les points de collecte des déchets ménagers et autres rejets des commerçants qui sont consumés par les flammes. Moins d'une demi-heure après, un groupe de 8 à 10 jeunes tente d'ameuter le quartier. A partir de Bouzrina, ils essaient de rejoindre la place des Martyrs en tapant avec force sur les rideaux des commerces fermés. Avant d'arriver à destination (un trajet de moins de 50 m), ils sont refoulés par quelques policiers (on a compté 3) restés sur les lieux après le retrait, le même jour, du dispositif de sécurité mis en place depuis l'éradication du marché informel, à la mi-octobre 2010. Les gens fuient dans toutes les directions. Le match de foot qui se déroule à la place des Martyrs est aussitôt arrêté. Ces centaines de jeunes se trouvent dehors, épiant le moindre mouvement. Cette nuit-là, le dérapage n'a pas eu lieu. S'agissant des dégâts, on a enregistré le saccage des arrêts de bus. Sur les 5 abribus existants, 2 ont été épargnés (c'est là où se réfugient les SDF à la tombée de la nuit), les trois autres ont subi des dommages (une à deux façades vitrées brisées, sur six).