Les produits anesthésiants se font rares dans plusieurs blocs opératoires. Cette rupture de stock paralyse certains hôpitaux, et les professeurs se voient obligés de reporter les interventions chirurgicales, même les plus urgentes. Contacté par nos soins, le Dr Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a déclaré que «c'est une situation qui prévaut effectivement dans certains services, notamment celui de chirurgie. Il y a aussi un manque flagrant de traitements, tels que le vaccin pédiatrique qui perturbe sérieusement le programme de vaccination.» Il ajoute que «les vaccins scolaires sont aussi absents depuis 6 mois.» A cet effet, il interpelle les instances concernées à s'organiser afin de mettre fin à cette pénurie inquiétante. Lors d'une virée effectuée au niveau du centre hospitalo-universitaire Mustapha Bacha, les paramédicaux attestent qu'il y a réellement un manque flagrant du produit en question et qui perturbe de manière catastrophique la gestion du programme des blocs opératoires. «La pénurie des produits anesthésiants et la grève des paramédicaux ont contribué à créer une désorganisation totale du fonctionnement de l'hôpital. Les interventions chirurgicales prévues sont limitées aux cas d'urgence. Elles se font généralement avec une anesthésie partielle», regrette une infirmière rencontrée sur place. «Nous avons l'impression que tout s'est arrêté. Les malades sont désorientés, ce qui a laissé place à un manque de confiance et une sensation d'insécurité. Les plus épaulés arrivent à se débrouiller pour accélérer leurs rendez-vous.» Plus explicite, elle avance, tout en nous priant de garder l'anonymat, que «les responsables des hôpitaux, notamment les professeurs et les praticiens, préfèrent garder le peu de produits disponibles pour leurs proches et connaissances. «Bled l'maaraf», conclut-elle. M. Charef, directeur de garde du CHU Mustapha Bacha a, pour sa part, démenti formellement l'existence d'une telle raréfaction. «Toutes les opérations programmées sont tenues comme convenu. Il n'y a eu aucun report et je n'ai entendu personne dénoncer le manque d'anesthésie», insiste notre intervenant, qui nous invite à faire un reportage sur les lieux pour vérifier de visu. Au niveau du centre Pierre et Marie Curie, les médecins réanimateurs affirment par ailleurs que les quatre salles d'opération sont toujours programmées. Selon le chef de service du même bloc, «l'anesthésie n'a jamais manqué. Preuves à l'appui, nous avons plus de deux interventions chirurgicales par jour.» La même déclaration a été faite par un paramédical exerçant à l'hôpital de Belfort. Pour sa part, un médecin spécialiste à l'hôpital de Bab El Oued a affirmé avoir soulevé le manque du produit en question, mais aucune mesure n'a été prise. I l explique qu'il y a réellement paralysie de certains services, ce qui a entraîné la réduction de l'activité opératoire, y compris celle des urgences, renvoyant ainsi les patients retenus dans le programme opératoire à une date ultérieure sans rendez-vous. Cette mesure aggravera encore l'attente stressante des malades dont l'état de santé pour certains ne pourrait que se compliquer.