Tout en appelant les étudiants à la sagesse, Mme Ouiza Chérifi, rectrice de l'université de Boumerdès et directrice de la conférence régionale centre, a averti hier que le maintien de la situation actuelle au niveau des universités risque de remettre en cause l'harmonie du système d'enseignement. S'exprimant sur les ondes de la Chaîne III, Mme Chérifi a estimé que les revendications des étudiants ont été satisfaites car «les décisions du Conseil des ministres ont été exécutées avec l'abrogation du décret 10-315». Malheureusement, a-t-elle regretté, «les étudiants n'ont pas tenu leurs promesses de reprendre les bancs des universités». «Chaque jour, il y a des revendications supplémentaires au point de remettre en cause l'harmonie du système global de l'enseignement supérieur», a-t-elle dit, estimant que ce sont des revendications tous azimuts. «Il y a quand même les lois de la République et nul n'est au-dessus de la loi», rappelle-t-elle, reconnaissant à demi-mot tout de même que le décret en question a été une erreur. «Toutes les informations sont là mais hélas, nos étudiants réclament toujours plus», a ajouté la rectrice qui dément entre autres la rétrogradation de certains diplômes, évoquée par les étudiants. «C'est un bruit qui court, des rumeurs. On ne sait pas qui est en train de propager ces rumeurs infondées», a-t-elle dit. «On a accepté les revendications. Celles qui sont légitimes on y a apporté des solutions, mais on ne va pas accepter n'importe quoi. Tout ne peut pas être remis en cause du jour au lendemain», ajoutera-t-elle encore. Il y a lieu selon la présidente de la conférence centre d'apporter des clarifications. Elle confirmera dans ce sens le maintien de l'ouverture du magistère pour tous les diplômés du système classique, le maintien du diplôme d'ingénieur d'Etat y compris dans les grandes écoles. «Des acquis indéniables», que la rectrice de l'université de Boumerdès met en avant pour rassurer les étudiants. Elle n'a pas omis de les appeler «à plus de sagesse et de responsabilité pour rejoindre les bancs des universités», pour éviter que l'année universitaire soit compromise. Les conférences régionales prévues pour les 21 et 22 mars Le malaise persiste pourtant. Mme Chérifi se veut rassurante. «Il y a des débats lancés par la tutelle avec la participation de toute la composante de la communauté universitaire, à tous les échelons», a-t-elle expliqué, précisant que ce sont des conseils scientifiques des départements et des facultés qui se tiennent avec la participation des délégués des étudiants. Ces débats en cours depuis une semaine, selon elle, en vue d'aboutir à des conférences régionales, sortiront avec des propositions concrètes qui serviront de passerelle entre les deux systèmes LMD et classique. Elle révélera dans ce contexte que les conférences régionales vont avoir lieu les 21 et 22 mars, durant lesquelles seront lus les rapports des universités. «Les étudiants vont participer à l'élaboration des rapports», affirmera-t-elle. Pour Mme Chérifi, la colère de ces derniers qui accusent les recteurs d'être à l'origine des blocages n'est qu'«un manque d'information et de communication». «Il faut que les étudiants sachent que les deux système fonctionnent parallèlement et le système classique continuera d'évoluer normalement», a-t-elle soutenu. Mettant en avant tous «ces acquis», elle affirmera ne pas comprendre les inquiétudes des étudiants auxquels elle rappelle qu'entre système classique et LMD, ils avaient la latitude de choisir et ils devraient être responsables de leur choix. S'agissant de la classification au niveau de la Fonction publique, elle dira qu'avec l'abrogation du décret 10-315, il y aura un nouveau texte qui prendra en charge ce volet. «C'est en cours», a-t-elle affirmé, précisant que le nouveau décret va intégrer les deux diplômes. «Personne ne sera lésé», a-t-elle rassuré, ajoutant que le décret aura son «effet immédiat», sans préciser la teneur du texte. «Je ne voudrais pas anticiper», a-t-elle expliqué. S'agissant du statut des grandes écoles, la rectrice se contentera d'expliquer que des moyens colossaux ont été consentis par les pouvoirs publics, précisant que les étudiants qui ont échoué au concours d'accès aux grandes écoles peuvent être réorientés vers les universités. «Les étudiants savent ça», a-t-elle martelé, parlant même d'avantages dans la mesure où ils peuvent conserver leurs acquis. C'est la mobilité du système LMD», explique-t-elle. «Les grandes écoles, c'est un label», martèle-t-elle encore.