Les manifestants à Sanaâ ont subi hier une attaque en règle des partisans du régime, au lendemain de la journée la plus sanglante au Yémen depuis le début des marches exigeant le départ du président Ali Abdallah Saleh fin janvier. Samedi, à travers le pays, sept manifestants, dont un enfant de 12 ans, ont été tués par balles et des centaines de personnes ont été blessées par des gaz toxiques dans la violente dispersion par la police de protestataires. Les autorités ont nié l'utilisation de gaz autres que lacrymogènes. Après ces violences, plusieurs voix se sont élevées dans le monde dont celle du chef de l'ONU, Ban Ki-moon. Il s'est déclaré «très inquiet» de la détérioration de la situation au Yémen et a condamné «l'usage excessif de la force» contre «des manifestants pacifiques». Il a appelé à la plus grande retenue, exhortant le gouvernement et l'opposition à commencer un dialogue authentique et large. Hier, des dizaines de manifestants ont été blessés sur la place de l'Université de Sanaâ, épicentre de la contestation, dans une attaque des policiers soutenus par des partisans du régime, ont indiqué des témoins. Les heurts ont commencé lorsque des policiers et des partisans du Congrès populaire général (CPG-parti présidentiel), ont attaqué les protestataires. «Les assaillants ont tiré à balles réelles et tiré des gaz lacrymogènes», a indiqué l'un d'eux, ajoutant que les «blessés se comptent par dizaines et sont soit atteints par des tirs, soit souffrent de suffocations». Depuis samedi soir, de nouveaux groupes de contestataires viennent se joindre au sit-in, alors qu'à Taëz, autre centre de la contestation de la capitale, cinq manifestants ont été blessés par les tirs de la police, selon un responsable local. A Aden, ville du sud rétive et à la pointe de la contestation du chef de l'Etat, quatre manifestants ont été tués dans des émeutes nocturnes lors desquelles un poste de police a été incendié par des centaines de personnes en colère, alors que d'autres bloquaient les rues avec des pneus enflammés. Face à l'escalade, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas ont appelé leurs ressortissants à quitter le Yémen, Londres condamnant des «violences inacceptables».