Au lendemain du vote à l'ONU d'une résolution en faveur du recours à la force contre le régime de Kadhafi, le chef de la diplomatie libyenne s'est empressé d'annoncer hier que la Jamahiriya mettait fin à toutes les opérations militaires. La Libye «a décidé d'observer immédiatement un cessez-le-feu et de mettre fin à toutes les opérations militaires», a déclaré Moussa Koussa lors d'une conférence de presse. Il a affirmé que son pays, étant membre à part entière des Nations unies, était «contraint d'accepter la résolution du Conseil de sécurité». Paris, qui se prépare depuis jeudi soir à une intervention militaire coordonnée en Libye avec d'autres pays, a accueilli l'annonce avec prudence. Mouammar Kadhafi «commence à avoir peur mais sur le terrain, la menace n'a pas changé», a précisé un porte-parole du Quai d'Orsay. Elle s'est même accentuée. Après une nuit de tirs à l'arme lourde, des bombardements intensifs ont repris hier matin à Misrata, située à 200 km à l'est de Tripoli et contrôlée par l'opposition. «Les forces de Kadhafi pilonnent la ville à l'artillerie et avec les chars. Vingt-cinq morts ont été amenés à l'hôpital, dont plusieurs fillettes», a rapporté un médecin interrogé par téléphone satellitaire. D'après des experts militaires, les forces loyales à Kadhafi feraient tout leur possible pour pénétrer à l'intérieur de cette ville. Car se positionner à sa périphérie exposerait les kadhafistes aux frappes ciblées de la coalition étrangère dont les premières étaient prévues dans la soirée d'hier. Alors que Seïf El Islam a déclaré que l'armée régulière avait changé de tactique et aurait suspendu son assaut final contre le principal bastion de l'opposition à Benghazi, des combats ont également eu lieu ce matin à Nalout et Zenten, deux villes de l'ouest libyen, ce qui confirme que le cessez-feu décrété par Tripoli n'est qu'un leurre qui jouerait en faveur des forces de Kadhafi. Celles-ci n'hésiteraient pas, selon d'autres experts, à prendre les populations civiles comme boucliers humains pour empêcher d'éventuelles frappes que mènerait le duo franco-britannique, en étroite coordination avec les Américains. Quelques heures après l'annonce de ce «cessez-le-feu», le Premier ministre britannique, David Cameron, a déclaré que la Grande-Bretagne jugera Mouammar Kadhafi à ses actes et non à ses paroles. «Ce qui est absolument évident, c'est que la résolution du Conseil de sécurité de l'Onu dit qu'il doit arrêter de faire ce qu'il fait, c'est-à-dire de brutaliser son peuple. Sinon, toutes les mesures nécessaires peuvent être prises pour l'arrêter», a poursuivi David Cameron. De toute manière, tout est prêt pour envisager une intervention aérienne dont des photos satellites du territoire libyen, les positions des forces loyalistes avec. Elles risquaient d'avoir affaire à la puissance de feu des Occidentaux au cours de la nuit dernière. Toutefois, elles pourraient bien y échapper durant les deux jours à venir si les informations en provenance de la Jamahiriya confirment un strict respect du cessez-le-feu. Sauf qu'il est difficile de faire confiance à Kadhafi qui promet un enfer à ses ennemis s'ils venaient à débarquer en Libye.