Les trois jours de débrayages observés par les 10 000 employés relevant de la direction générale du contrôle économique et de la lutte contre la fraude (DGCERF) activant dans les 48 wilayas ont causé un lourd préjudice dont le chiffre avoisine des dizaines de milliards de centimes. Il y a lieu de préciser que ce mouvement qui a duré du 28 au 30 mars concerne également les contrôleurs des frontières chargés des visites et du contrôle des marchandises acheminées par voie terrestre. Sur ce volet et selon des sources sûres, «l'arrêt des contrôleurs a généré d'interminables files de camions». A l'aéroport d'Alger, tous les importateurs et les exportateurs sont lourdement pénalisés par la grève des 5 contrôleurs, selon des transitaires installés au sein de l'infrastructure aéroportuaire, plus exactement au fret où l'accès est soumis à la détention d'un laisser-passer. «Les contrôleurs sont tenus d'assurer un service minimum conformément à la loi», affirme un transitaire sous le sceau de l'anonymat. Ce dernier indique que «durant les trois jours de grève, des produits très sensibles, de même que des matières premières, ont été gelés, faute de liquidation des dossiers». Les importateurs de tous produits confondus (logiciels, matériels médicales et autres) seront contraints de «de payer de fortes sommes d'emmagasinage des marchandises au sein des entrepôts d'Air Algérie et des privés». Hormis l'emmagasinage, ces derniers sont contraints de payer de fortes amendes découlant des retards. «Au delà de 21 jours d'emmagasinage, nous serons contraints de payer 25 000 dinars, et si la grève est illimitée, nous serons obligés de payer 50 000 dinars au-delà d'un mois et 21 jours», affirme un des importateurs rencontrés sur les lieux qui ajoute que «si la grève dure encore plus longtemps nos marchandises seront tout simplement saisies et cela au-delà de 2 mois et 21 jours». Tous les importateurs avouent «être obligés de rattraper cette part dans les prix appliqués», ce qui, par traduction, pénalisera les consommateurs, voire les détaillants et toute la composante de la chaîne commerciale. «La grève des contrôleurs a procuré des pertes considérables évaluées à quelques milliards de centimes que seuls les consommateurs devront renflouer en subissant la hausse des prix appliquée à tous les niveaux de la chaîne», explique un autre importateur en colère. A l'aéroport d'Alger, la dizaine de personnes exerçant au sein du minuscule bureau situé dans l'espace technique, est déterminée à suivre le mouvement déclenché par le syndicat national. Ces derniers se sont refusé à tout commentaire, se contentant de nous orienter vers leur syndicat. M. Laâroubi, SG du syndicat des contrôleurs : «Nous allons reconduire la grève» Hier, dernier jour de grève, alors que nous mettions sous presse, le SG du syndicat, M. Laâroubi, a affirmé que «le ministère du Commerce a observé un mutisme vis-à-vis des revendications exprimées via une correspondance». «On n'a aucune information sur la réaction du ministère du Commerce qui observe un silence assourdissant. Les choses sont claires et au vu de l'évolution des choses, nous reconduirons la grève les 3, 4, 5 et 6 mars». A propos des retombées du débrayage, Laâroubi indique que «les infrastructures portuaires et aéroportuaires enregistrent 80% des marchandises introduites en Algérie, ce qui, par conséquent, procure un préjudice incommensurable à l'économie nationale». Tout en confirmant la constitution des grandes files de camions aux frontières, Laâroubi affirme : «Nous avons été sages de déclencher cette grève durant trois jours et nous avons tout fait pour faire entendre nos revendications, en vain», finissant par dire : «C'est grâce à nous que l'Algérie est debout et au vu de la mission névralgique que nous menons, nous estimons avoir le droit d'exiger respect et considération.»