Les gardes communaux ne décolèrent toujours pas. Ils ont décidé hier de maintenir leur mouvement de protestation ainsi que leur sit-in à la place des Martyrs où l'hymne national a retenti et les couleurs nationales ont été hissées. Après les «menaces» du ministre de l'Intérieur, Dahou Ould Kablia, les gardes communaux ont tenu à répondre d'une manière plus forte. «Les menaces du ministre ont renforcé notre détermination et permis à notre corps une plus grande union et solidarité», a fait savoir un délégué de la wilaya de Skikda, avant que son collègue de Mascara n'intervienne pour informer que les gardes communaux de la wilaya ont rejoint tôt dans la matinée d'hier le siège de la wilaya. «Nos collègues sont actuellement devant le siège de la wilaya et un groupe de 140 gardes communaux a déjà remis une lettre de démission. Nous n'avons peur de personne, mais pour nos droits nous allons mourir s'il le faut.» Durant la journée d'hier, des messages de soutien tombaient sans arrêt sur le téléfax du taxiphone, non loin du lieu de rassemblement. Ces messages émanent de Skikda, Bouira, Tizi-Ouzou, Alger, Souk Ahras, Médéa, Constantine, Oran, Naâma et d'autres encore. «Nos collègues restés sur les lieux de travail rejettent en bloc les mensonges du ministre de l'Intérieur qui a déclaré que 99% des gardes communaux sont satisfaits des offres de son ministère. C'est faux et archifaux, nous sommes 99% à refuser ses offres et le 1% restant c'est lui et ses proches collaborateurs», a déclaré l'un des délégués de Bouira. Le délégué de Blida a relevé les intimidations dont font l'objet les gardes communaux de la wilaya : «Vous devez savoir que nos collègues de Blida ont été désarmés et enfermés à l'intérieur du détachement, leurs tenues et armes confisquées par des gendarmes qui ont porté ces tenues pour faire diversion» a crié le délégué à ses 40 000 collègues présents à la place des Martyrs. «Les 94 000 gardes communaux adhèrent à notre mouvement. Nous ne sommes pas des hors-la-loi. Les hors-la-loi d'hier nous les avons combattus et ceux d'aujourd'hui nous les combattrons encore. Au ministre de l'Intérieur qui nous menace d'appliquer l'article 11 du code pénal, nous lui suggérons l'article 6 des statuts, bien que nous n'ayons aucun statut qui stipule que les heures supplémentaires doivent être payées, chose qui n'a jamais été faite à ce jour», a fait savoir un délégué de la wilaya d'Alger. Et d'ajouter : «Nous avons reçu 46 décisions de radiation à cause de ce mouvement. Nous disons aux délégués des wilayas et au ministre que nous sommes prêts à quitter ce corps définitivement mais pas sans avoir eu nos droits.» Le délégué de Boumerdès a lui aussi relevé les restrictions imposées par la wilaya : «Nous avons reçu une note de la wilaya où il est écrit : chaque garde communal qui doit quitter le territoire de la wilaya doit impérativement déclarer le lieu de sa destination, le motif de son déplacement et sa durée. Sommes-nous en état de guerre ?, d'autant plus que dans les régions à risque nos éléments assurent avec bravoure la sécurité des citoyens.» Dans certaines régions du pays connues pour être des zones à risque, les gardes communaux ont tenu à assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens. «Nous n'allons pas démissionner, ni abandonner nos postes malgré ce traitement ingrat des autorités. Nous étions les protecteurs du pays et nous restons fidèles à ce principe», a indiqué l'un des délégués de Boumerdès.