El Mouradia restera-t-elle désormais orpheline de ses «invités» ? On ne le sait pas encore. A chaque fois qu'on a pensé le savoir, on a été surpris par les capacités de résistance et de détermination de ceux qui y ont «élu domicile» pendant près de trois semaines, comme c'est le cas des enseignants vacataires , la force tranquille des médecins résidents qui ont autant revendiqué que proposé ou l'impressionnante mobilisation des étudiants qui ont démontré qu'une marche pacifique pouvait être autre chose qu'une vue de l'esprit, en dépit d'une présence policière dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle était loin d'être tendre. Les habitants d'El Mouradia, comme ceux qui, pour une raison ou une autre, ont une présence régulière dans le quartier, ont presque fini par s'y habituer, souvent avec une dose de sympathie qui tranche avec ce qu'on a parfois raconté sur des riverains irrités par des protestataires encombrants venus salir l'image et salir tout court «leur» espace vital. Si on n'a pas vu de manifestation franche de solidarité, ceux qui rejoignaient «le Golf» au petit matin ont souvent été surpris de découvrir au pied des enseignants vacataires qui y ont passé plusieurs nuits, marmites et couvertures dont ils ont deviné qu'elles ne sont pas tombées du ciel. Et ça discutait beaucoup autour d'El Mouradia, dans une sérénité où il est parfois difficile de déceler des colères pourtant bien réelles. Jusqu'aux policiers qui, manifestement, n'ont pas toujours les mêmes instructions, qu'on surprend par moments dans de longs échanges bon enfant avec des belligérants presque heureux de trouver une oreille attentive, même s'ils ne doivent pas ignorer qu'elle n'est pas la bonne, du moins pas celle susceptible de donner quelque perspective à leur action. El Mouradia, de l'ancien lycée Descartes à la descente de Bir Mourad Raïs, en effleurant le palais présidentiel, restera-t-elle désormais orpheline de ses invités et des palpitations qu'ils ont données à cet espace austère et guindé ? Cela fait maintenant trois jours qu'il ne s'est rien passé au Golf. Il faut dire que les enseignants vacataires, les étudiants, les intendants, les médecins, les GLD et les expropriés ont, séparément ou ensemble, mis quelque ambiance sur un territoire généralement léthargique. Faut-il «désespérer» pour autant et se résigner au retour à la «routine» ? Pas vraiment, puisque tous ceux qui ont participé à la «fête» promettent de remettre ça. Le problème avec les oreilles attentives et sympathiques est qu'elles ne font pas bouillir la marmite. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir