Depuis son inauguration, le barrage de Taksebt, véritable site écologique, n'a pas cessé de subir des agressions, en particulier celles liées à son environnement direct. Ces agressions ont surtout trait à la pollution qui caractérise les environs immédiats de ce barrage qui s'étale sur une longueur de 14 km. Situé à une dizaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, il longe la route qui relie Oued Aïssi à Takhoukht. Selon des responsables du secteur de l'hydraulique, ce barrage est rempli à sa capacité maximale avec plus de 180 millions de mètres cubes. Les dernières fontes des neiges du Djurdjura ont rendu la chose possible, en plus de la bonne évolution hydrologique des dernières précipitations du mois de février. Cette pollution, même si elle n'a pas encore atteint un stade de gravité (on ne peut parler pour l'instant d'érosion hydrique), est générée par de nombreux autres facteurs. Sur les deux rives du barrage, il y a de fortes concentrations démographiques ainsi que les infrastructures installées sur les bassins versants. Il n'existe pas de concentration industrielle proprement dite qui peut constituer une menace directe, mais dans les régions contiguës au site on peut relever des huileries, des élevages avicoles, de petites fabriques en plus des nombreux villages qui déversent quotidiennement des volumes importants d'eaux usées dans les ravins qui se jettent dans le bassin versant du barrage. En partant de ce constat, on peut relever six commues qui contribuent à sa pollution. Il s'agit de Aïn El Hammam, Larbâa Nath Irathen, Irdjen, Beni Douala, Ouacifs et Ouadhias.
Insalubrité criante Le barrage est-il victime de son charme comme on dit ? Tout porte à le croire. De la sortie sud d'Oued Aïssi, soit de Taberkoukt jusqu'à une encablure de Takhoukht, et aux abords de ce grand lac, le spectacle est effarant : des monticules de bouteilles en verre, en plastique, des sachets, des canettes de bière et toutes sortes de détritus défigurent les lieux. Même une carcasse d'un fourgon immatriculé à Aïn Defla, qui a atterri là on ne sait pas trop comment, a été abandonnée sur la route. «Chaque soir, des dizaines de personnes y viennent pour passer du bon temps. Mais rares sont ceux qui ne jettent pas leurs déchets sur place», nous dira un homme rencontré sur les lieux. Même les vendeurs installés tout au long de la berge apportent leur contribution. L'environnement est dangereusement atteint. Il suffit de s'y rendre pour mesurer l'ampleur de ce coup fatal qu'on donne à la nature. Aujourd'hui, des mesures urgentes doivent être prises par les autorités concernées afin de sauver ce site de biosphère. «Que l'on organise, au moins, des campagnes de nettoyage et qu'on réinstalle les bacs à ordures», préconise notre interlocuteur.